Un coup de coeur de Mollat
Jeune corrézien devenu la coqueluche des salons parisiens, l'abbé Mugnier n'est pas seulement confesseur mais aussi confident, ami, conseiller ou critique littéraire. Ce qu'il aime loin des sacristies et des odeurs d'encens, ce sont les belles demeures, la réunion de beaux esprits, le contact des célébrités. Et le vicaire en fréquentera des célébrités : la comtesse Bibesco, Anna de Noailles, Ferdinand Bac, Marcel Proust, Paul Valéry, Jean Cocteau ou Huysmans qu'il ramènera à Dieu.
Après avoir préfacé l'édition de son journal (paru au Mercure de France) Ghislain de Diebasch, dans une toute récente biographie, s'intéresse aux quarante premières années de celui-ci à partir de documents indédits, en particulier de correspondances.
C'est toute une existence partagée entre le monde et Dieu, l'amour des lettres et les obligations de son ministère que nous découvrons.
Fermé à l'antisémitisme et au nationalisme, le chanoine accomplira toute sa vie son sacerdoce alors qu'il a si peu choisi cet état.
On peut lire dans son journal au 19/12/1911 :
"Joie, au fond, dêtre seul, dans mon cabinet à livres, assis fenêtre ouverte sur le jardin pauvre. Rumeur lointaine, oiseaux proches, de l'air... et je pourrais étouffer dans une sacristie lourde, où logent la routine, l'arrivisme et l'envie !"
Prêtre actif et d'une grande honneteté d'esprit, cet abbé est attachant et attendrissant.