A l'occasion des 50 ans de l'association Les Alpes de lumière, est publié ce recueil de textes choisis parmi les oeuvres du fondateur de la revue éponyme, Pierre Martel, qui souhaitait faire connaître la Haute-Provence, son patrimoine, sa ruralité, son terroir. ©Electre 2024

Fondateur de l'association Alpes de Lumière alors qu'il était un jeune curé de campagne, Pierre Martel a eu, dès 1953, la volonté de réveiller son pays déserté par 100 ans d'exode rural. Porté par une foi à déplacer les montagnes, il a popularisé très vite une vision du patrimoine local et paysan, tant matériel qu'immatériel, qui allait à contre-courant de la conception dominante de l'époque, contre les vieux démons centralisateurs et contre le mépris à l'égard du monde rural que la fuite vers les métropoles urbaines ne faisait qu'accentuer. Mais cet ancrage délibéré dans la réalité micro-régionale était pour Pierre Martel tout le contraire d'un repli sur un terroir. L'enthousiasme heureusement utopique de sa démarche, le côté visionnaire de sa pensée, ouvraient sur la volonté d'une présence très consciente au monde d'aujourd'hui et sur la conviction, très prophétique, que la connaissance et la reconnaissance du patrimoine pouvaient être des leviers du développement global d'une région.

Il a su mobiliser des hommes et des femmes de tous horizons, ruraux ou citadins, jeunes ou adultes, croyants ou non, politiques ou simples citoyens, passionnés d'histoire locale ou scientifique qui ont été séduits par la qualité de son accueil, sa capacité de travail, son charisme incontestable, le souffle de ses écrits et surtout la vérité et la force de son message. Avec des talents de pédagogue et de conteur, il avait le souci constant de transmettre, de diffuser ces richesses que lui avaient révélées l'observation patiente du pays, la lecture, la recherche de terrain, les contacts prolongés avec les habitants de Haute-Provence ; et aussi les longues heures de méditation personnelle dans la solitude de la montagne de Lure.

Communication qui n'était pas purement intellectuelle mais avant tout partage avec les autres, qui s'adressait au coeur plus encore qu'à l'esprit, qui étaient chez lui une simple manifestation de cet amour profond et exigeant à l'égard de la création et de cette confiance en Dieu et en l'homme. C'est cet amour vrai des êtres humains concrets, dans leur culture et leur histoire, qui explique que pour Pierre Martel, toute action en faveur du patrimoine ne pouvait être réussie que si elle permettait aux hommes et aux femmes d'assumer cet héritage et de devenir acteurs de leur histoire.

Jean-Claude Bouvier, président d'honneur d'Alpes de Lumière