L'auteur, qui a exercé diverses responsabilités à la tête des Comores entre 1992 et 2002, dont celle de Premier ministre et de président par intérim, décrit de l'intérieur la gouvernance de l'Etat depuis 2001. Il évoque l'éviction du colonel Abeïd, le renforcement de la sécurité nationale, les débats de l'ONU concernant Mayotte, les stratégies de réduction de la pauvreté, etc. ©Electre 2024

Au service des Comores

Tome 2.

La Renaissance

« ... un jour, un internaute publia un texte dans lequel il affirma qu'une histoire de moeurs avait été découverte aux Comores. Cette histoire, selon l'article, aurait éclaboussé les Comores et la Mission de Coopération française à Moroni. Le chef de mission G., selon cet article, aurait créé un réseau lui permettant de produire des films pornographiques de jeunes filles et garçons comoriens, vendus à l'étranger ; en échange, le diplomate français, selon toujours l'article de Habari, octroyait facilement des visas d'entrée en France aux jeunes filles qui acceptaient de se faire filmer. L'auteur continuait en jurant que les autorités comoriennes cautionnaient cette opération et que le Directeur du Cabinet du président, en l'occurrence moi, était partie prenante dans l'affaire. Il avait cité dans son article un nom comorien, Sakina Boina, une fille comorienne qui aurait bénéficié de ces largesses et qui, partie à Paris, voulait dénoncer cela en montrant les photos attestant ses dires. Le même soir, un autre article dans Habari était publié, cette fois-ci par la supposée Sakina Boina qui confirmait les éléments contenus dans le premier article. Pendant 4 jours, sur tous les sites Internet qui parlaient des Comores et dans toutes les rues et les cafés de Moroni, on ne parlait que de cela. J'accusai le coup dans la sérénité, essayant de comprendre pourquoi tant de haine et de détestation. Pourquoi certaines personnes osaient-elles propager de tels mensonges ? J'ai compris au moins une chose : les auteurs de telles calomnies se moquaient bien de l'image désolante de leur pays qu'ils affichaient. Seul dans mon bureau, je continuais à me poser beaucoup de questions et à réaliser les dégâts que ces écrits allaient causer sur ma personnalité qui, il est vrai, est si modeste, mais une personnalité quand même. J'ai tout de suite pensé à ma petite famille, d'abord à ma femme, ensuite, à mes enfants, Élodie et Tania qui, quand elles seront grandes, découvriront ces écrits. Que penseront-elles de leur père ? Pour ma femme, cette affaire avait créé une très grande méfiance, et notre couple n'en sortira pas indemne, jusqu'à la publication de ces Mémoires, je l'espère. Elle entra dans une totale confusion depuis ce jour-là, et n'en sortira jamais, mélangeant tout, confondant tout, et même m'accusant de tous les maux et pour preuve, ces articles de Habari. Et enfin, j'ai compris que la politique chez nous et pour certains, n'est que manifestation de la haine, de rancoeurs, de mensonges et surtout de calomnies. C'est ainsi que j'ai pris la décision de monter ma contre-attaque dès le soir du deuxième jour. »