Le président français prône la rupture, nous dit l'auteur. Mais de quelle rupture peut-il être question s'agissant de l'Afrique ? Avec quels dirigeants N. Sarkozy espère-t-il aider l'Afrique à se développer ? La France fera-t-elle son deuil de ses anciennes colonies ou va-t-elle continuer à installer des hommes chargés localement de veiller à ses intérêts ? ©Electre 2024

Trois questions sur l'Afrique

M. Nicolas Sarkozy, quand les contribuables français vous posent la question de savoir où va une partie de leur argent prélevé sous forme d'impôts, vous leur répondez : Enseignement et recherche - collectivités territoriales - dettes et engagements financiers - défense - travail, emploi et solidarité - sécurité et justice - Union européenne - transports, ville et logement - autres missions.

Certes, mais vous ne leur dites jamais qu'une bonne partie, pompeusement appelée « aide publique au développement », est engloutie dans des réseaux et lobbies organisés par l'État français lui-même avec les dirigeants africains ; que de ces réseaux et lobbies résultent nombre de problèmes qui se posent aujourd'hui avec acuité, d'abord en Afrique où ils empêchent les Africains de vivre chez eux ; ensuite en France où l'immigration clandestine reste au coeur de votre combat politique.

En un seul mot appelé « rupture », pour avoir pris à témoin la majorité des Français qui vous ont fait confiance en vous portant à la tête de l'État, vous avez juré, la main sur le coeur, de mettre fin à ce système archaïque, tout en promettant d'augmenter l'aide au développement de l'Afrique.

Alors, M. Nicolas Sarkozy, j'ai trois questions à vous poser : De quelle Afrique s'agit-il : celle des dirigeants aux mandats à durée indéterminée ou celle des populations victimes des réseaux et lobbies françafricains ? Avec quels dirigeants africains espérez-vous aider l'Afrique à se développer : les mêmes, imposés par la France, qui ont échoué avec vos prédécesseurs successifs ou ceux dont les peuples africains réclament à cor et à cri le libre choix ? Votre rupture concerne-t-elle le deuil colonial que la France porte de ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne et qu'elle a tant de mal à retirer, ou bien les hommes y sont-ils installés par elle pour soi-disant veiller localement à ses intérêts économiques ?