L'auteur analyse les raisons expliquant le succès émanant de l'Eglise du christianisme céleste, fondée en 1947 par un habitant de Porto-Novo au Bénin. Par cette publication, il s'efforce de remédier au déficit d'information résultant du bouleversement socio-religieux qui est en cours dans une grande partie de l'Afrique noire. ©Electre 2024

L'apparition d'Eglises africaines indépendantes ne date pas d'hier puisqu'il y a un siècle déjà, le pasteur Maurice Leenhardt consacrait une longue étude aux Eglises indépendantes d'Afrique du Sud. Mais au cours du XX^e siècle, le phénomène de fondation ou d'invention de nouvelles Eglises a connu une fantastique expansion : les Eglises afro-chrétiennes se comptent aujourd'hui par milliers et rassemblent à coup sûr plusieurs dizaines de millions de fidèles.

L'Eglise du Christianisme Céleste est l'une d'entre elles. Fondée en 1947 par un habitant de Porto-Novo (Bénin), elle est actuellement la deuxième Eglise du Bénin par le nombre de ses pratiquants. Elle a essaimé non seulement au Nigeria mais dans l'ensemble du Golfe de Guinée, d'Abidjan à Libreville et aussi bien aux Etats-Unis que dans la banlieue parisienne. Combien compte-t-on aujourd'hui de Chrétiens Célestes ? Plus d'un demi-million sans doute et leur nombre ne cesse de croître.

Comment expliquer pareil succès ? S'il faut en croire Albert de Surgy qui a longuement fréquenté cette Eglise, sans doute au fait qu'elle propose à ses fidèles «la conception d'un Dieu actif, glorifié par le bon état de sa création, heureux du bonheur des hommes et prêt à les défendre contre les forces mauvaises qui habitent leur cœur et le monde». Au fait aussi que sa liturgie accorde une large place à la louange, à l'expression spontanée de la prière, à la danse, à la transe, à la joie d'être pardonné et aimé de Dieu, habité par son Esprit. Si l'on ajoute à cela que les communautés sont vivantes et solidaires, qu'elles ignorent la frontière qui, ailleurs, sépare les clercs des laïcs, qu'elles offrent à toute personne en difficulté le service de visionnaires capables de prescrire des rites efficaces adaptés à la solution de ses problèmes quotidiens, comment s'étonner de la séduction qu'elles exercent ?

On aura beaucoup parlé dans les Eglises d'Afrique, depuis vingt ou trente ans, d'inculturation. Qu'on lise attentivement ce livre. On y verra que «l'inculturation» qui s'y révèle emprunte parfois des chemins inattendus. A l'évidence, les Eglises afro-chrétiennes pèseront très lourd, au cours des décennies à venir, sur le destin même du christianisme en Afrique.

R.L.