Ces contributions comparent les deux traditions religieuses et leur rapport au symbolisme de la sainteté et des cultes, au sein de l'islam et du christianisme. ©Electre 2024

Le présent ouvrage est le fruit d'un colloque tenu à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth en octobre 2005 sous le titre « Figures et lieux de la sainteté en christianisme et en islam » ; la problématique souligne la convergence dans les deux traditions religieuses entre le rayonnement spirituel de la sainteté et son inscription dans des rites et des lieux de culte.

L'étude comparée des religions est difficile : il lui revient de mettre en évidence similitudes et parallélismes, en même temps que différences et spécificités ; elle est pourtant nécessaire à la construction d'un monde dont l'unité se fonde sur la diversité. Les sanctuaires partagés entre croyants chrétiens et musulmans sont un phénomène passionnant, mais étranger au syncrétisme ; la Vierge Marie que viennent prier des musulmans n'est pas forcément la même que celle que prient les chrétiens. Le terrain commun compte des différences qu'il faut respecter ; l'histoire comparée ne saurait déboucher sur des concordismes artificiels.

Pourquoi chrétiens et musulmans s'intéressent-ils tous à la sainteté ? D'abord parce que la sainteté a un ancrage populaire fort ; le culte des saints permet de saisir des pratiques et des croyances que peu d'autres documents permettent d'étudier. Ensuite, la sainteté est un pouvoir : pourquoi venir vénérer la Vierge Marie ou les saints sinon dans l'espoir d'une intervention bénéfique, guérison, paix ou réconciliation ? Le modèle marial est significatif, puisque le langage du Magnificat, chant de louange de la Vierge, est l'apologie du pouvoir de la faiblesse.

En leur diversité, les articles ici publiés énoncent les concepts d'une herméneutique de la sainteté. Citons l'imitation, capacité intérieure d'innovation telle que vécue par François d'Assise ; l'intercession, source de la prière de demande ; le récit, qui, par la mémoire, fixe le profil du saint et les itinéraires ; le merveilleux, dont le parcours s'écarte du rationnel ; la danse du derviche ou la flagellation du disciple d'Ali récapitulent le martyre ; les sanctuaires, dans les limites topographiques d'un site, interrogent sur la sacralisation de l'espace ; l'altérité invite au partage.