Un coup de coeur de Mollat
Nous voilà donc éblouis, mais aussi pour le moins désarçonnés il faut bien le dire, par ce qui y est raconté… Alors qu'Eric Laurrent avait habitué ses lecteurs à des histoires à veine autobiographique, dans un milieu que l'on imaginait proche du sien, voilà que le personnage principal du livre est ici une femme, et que sa première apparition se fait par l'intermédiaire d'une photographie de magazine de charme que feuillette un homme en prison –l'occasion de découvrir notre héroïne de pied en cap, et dans son plus simple appareil…
La scène inaugurale donne le ton. Eric Laurrent nous décrit cette image érotique avec le même souci du détail et la même qualité stylistique qu'il le ferait pour évoquer un tableau, et s'emploiera à nous raconter les mésaventures –si souvent sordides- de Nicole, notre héroïne, avec pareille application. Comment cette jeune fille a fini photographiée dans un tel magazine, c'est bien tout l'objet de cette histoire.
Au fil des pages, nous suivons ainsi la vie de Nicole et de sa joyeuse famille, que la violence et la misère n'ont pas épargnées , dans le Clermont Ferrand des années 60 à 80. Attention, l'auteur ne verse jamais dans l'apitoiement. Nicole est une jeune fille passionnée – au sens religieux d'abord, puis au sens large ensuite- emplie d'une grande énergie qui ne rêve finalement que d'une chose : devenir célèbre, être une star quoi. Nicole n'a pas de talent pour chanter ou jouer la comédie, mais elle possède néanmoins un atout non négligeable : son corps. A elle d'en faire bon usage…
Avec Un beau début, Eric Laurrent s'empare du genre du roman populaire avec la grâce qu'on lui connaît. Étonnant, souvent drôle, fascinant aussi, le roman prend encore une autre tournure lorsqu'un « je » finit par apparaître. Sachant que Clermont Ferrand est la ville dans laquelle a grandi Eric Laurrent, on se dit que l'auteur a mis un petit peu de lui dans cette histoire…