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Analyse de la notion d'affect dans la société médiévale à travers l'oeuvre du moine anglais Aelred (1110-1167). Examine la synthèse tentée par les cisterciens entre spontanéité (héritée de la doctrine païenne des passions) et rationalité chrétienne (visant la réunification du corps et de l'âme) qu'Aelred transforme en amitié spirituelle, modèle claustral de sociabilité visant au salut. ©Electre 2024
L'amour est au coeur de la promesse chrétienne, répètent inlassablement les théologiens et spirituels du Moyen Âge. Mais comment aime celui qui aime ? Comment les intellectuels chrétiens, ces spécialistes du salut, conçoivent-ils la vie affective, ses modalités et ses finalités, non seulement sur le plan religieux mais aussi psychologique et social ? La méthode suivie dans ce livre est celle de la lexicologie mise au service de l'anthropologie historique. Sans se perdre dans le foisonnement des mots et le dédale des sentiments, l'auteur va en amont du processus de conceptualisation pour identifier le noyau qui anime le bouillonnement des émotions.
La racine de l'homme sensible, c'est la notion d'affect (affectus ou affectio) qui, extrêmement familière aux auteurs chrétiens, n'avait jusqu'à aujourd'hui donné lieu à aucune analyse approfondie. Au premier millénaire de notre ère, l'affect chrétien, nourri de la philosophie païenne des passions, joue un rôle central dans l'élaboration de l'anthropologie religieuse en Occident : il traduit l'oscillation des élans de l'âme entre les deux pôles de l'appétit naturel et de la volonté raisonnable mais aussi les déchirements intérieurs entre la chair et l'esprit.
Le poste d'observation privilégié pour scruter la théorie chrétienne de l'homme jouissant et souffrant, ce sont les écrits des premiers cisterciens et tout particulièrement ceux de l'Anglais Aelred de Rievaulx (1110-1167), maître en l'art d'aimer monastique. Au coeur de la renaissance et de l'humanisme du XIIe siècle, les cisterciens entreprennent pour la première fois dans l'histoire du christianisme latin de faire la synthèse de la spontanéité et de la rationalité des dynamiques affectives. Cette ambition préside aux programmes ascétiques d'ordination de l'être réunifié, corps et âme, chair et esprit, mais porte également, à travers la doctrine de l'amitié spirituelle, un modèle claustral de sociabilité aristocratique et masculine.
Paru le : 20/05/2005
Thématique : Théologie chrétienne
Auteur(s) : Auteur : Damien Boquet
Éditeur(s) :
Publications du CRAHM
Collection(s) : Non précisé.
Contributeur(s) : Préfacier : Paulette L'Hermite-Leclercq
Série(s) : Non précisé.
ISBN : Non précisé.
EAN13 : 9782902685318
Reliure : Broché
Pages : 378
Hauteur: 24.0 cm / Largeur 16.0 cm
Épaisseur: 3.5 cm
Poids: 700 g