Evangélisation et altérité religieuse n'ont pas toujours fait bon ménage. Ce colloque se penche sur les liens qu'ont entretenus la mission chrétienne avec les autres religions, et les mutations actuelles, notamment en Europe. Reprend des interventions de divers spécialistes, historiens, anthropologues, théologiens, missiologues et missionnaires. ©Electre 2024

Depuis l'aube du christianisme, l'évangélisation s'est heurtée au monde des religions. Selon les époques et les contextes socioculturels, la confrontation a pris des visages différents, mais sa réalité est plus que jamais à l'œuvre. Alors que des situations de violence interreligieuse demeurent, les stratégies contemporaines cherchent encore leur cohérence. C'est pourquoi, dans la ligne de leur vocation de recherche historique et théologique, le CREDIC et l'AFOM ont voulu, dans un colloque commun tenu à Torre Pellice (Italie) en août 1999, répondre à la question du défi que l'altérité religieuse a posé à la mission chrétienne du XVIII^e au XX^e siècle.

Comment l'offre chrétienne s'établit-elle, perdure-t-elle et chancelle face à «l'autre» qu'elle veut rencontrer et amener à elle ? Comment l'annonce chrétienne est-elle, elle-même, influencée par cette altérité, au risque de s'atténuer en se diluant dans un univers religieux plus fort et mieux enraciné ? Quelles sont les conditions d'une pérennisation de la mission chrétienne implantée dans un terroir qui ne lui est pas originaire ?

Historiens, anthropologues, théologiens, missiologues et missionnaires s'efforcent, selon leur spécialité et leur expérience, de répondre à ces questions. Après une introduction situant la problématique, des situations déterminées sont analysées tant du point de vue des missionnaires que des destinataires. Le cas du judaïsme mis à part, le lecteur est convié à entrer dans la rencontre du christianisme avec le bouddhisme du Viêt-nam, l'islam de Tunisie, avec les Kurdes, les religions animistes, le monde créole, les indiens d'Amérique, etc. L'itinéraire de quelques personnages emblématiques (H. Rusillon, PL. Tempels, H. Le Saux), incarnant une nouvelle manière d'être avec ceux qui perdent leur statut négatif de païen pour celui de frère et de guide, est opportunément rappelé.

En dernière partie, l'ouvrage montre comment les Eglises et les organisations missionnaires catholiques, protestantes et «œcuméniques» ont chronologiquement su accueillir et critiquer les théologies des religions non chrétiennes sans oublier que la question de l'altérité religieuse se pose aussi en Europe. Aujourd'hui la perspective devenue dialogale témoigne d'une spectaculaire mutation.