Un essai sur le droit du peuple juif, son esprit, sa nature, son essence, son autonomie, ses dimensions morales, spirituelles et religieuses. L'accent est mis sur le fait que cette loi est indépendante de l'évolution des moeurs et de la transformation des mentalités de la société humaine. ©Electre 2024

Le judaïsme constitue l'expression de la judéité puisque le peuple juif s'est construit et façonné autour d'un événement, le don de la Torah sur le mont Sinaï ; autour d'un texte, celui de la Torah ; autour d'une promesse, formulée par la Torah. Le droit hébraïque, énoncé par la Torah, a traversé l'histoire. Mais précisément, comment a-t-il réagi face aux environnements dans lesquels les juifs ont vécu ? Comment a-t-il répondu aux révolutions de moeurs et de mentalités qui se produisaient autour de lui ? L'autonomie du droit hébraïque constitue l'élément fondamental qui lui a permis de se maintenir en tant qu'ordre juridique instaurant un mode de vie singulier, propre au peuple juif. Cette autonomie prend sa source dans l'hétéronomie c'est-à-dire le fait que la Torah ne résulte pas de l'esprit humain mais de la révélation divine. De fait, le droit d'Israël s'inscrit dans un schéma qui ne considère pas la subjectivité et le relativisme de la pensée, il ne s'établit pas dans un système qui intègre dans ses développements le caractère éphémère des modes et des idées ni l'instabilité d'une loi sans cesse révisée et qui suit la doxa. C'est qu'il est question d'un projet pour les hommes qui ont souvent tendance à confondre entre la modernité et les progrès en humanité. Franz Rosenzweig a écrit que pour le judaïsme, « le temps n 'est pas sien, il n 'est pas le champ qu'il cultive ni sa part d'héritage... Alors que les peuples vivent dans des révolutions où la loi fait sans cesse peau neuve, ici règne la loi que nulle révolution ne saurait abroger, à laquelle on peut sans doute se soustraire [par libre arbitre] mais qu'on ne saurait changer » (L'Etoile de la rédemption, Paris : Seuil, 2008.p. 423-4).