Un coup de coeur de Véronique D.
Mais aussi parce qu’à travers les hésitations de Tatiana et d’Eugène, l’amour de Lenski pour Olga, Songe à la douceur prend son lecteur au sérieux pour lui parler de cette vie qui nous échoit, dont nous sommes les heureux détenteurs sans en avoir pour autant le mode d’emploi. Comment être heureux, comment aimer et - pire encore car souvent difficile - dire à l’autre son amour : Clémentine Beauvais explore nos sentiments avec finesse, brode au petit point le motif de nos détresses et de nos égarements, de nos regrets et de nos ratages comme celui de nos enthousiasmes.
Adapter en vers libres Eugène Onéguine de Pouchkine ! Nul n’en n’avait jamais eu l’idée (diablement culottée) et Clémentine Beauvais l’a fait ! Entre comédie romantique résolument ancrée dans notre époque (ah, les délicieuses scènes de marivaudage sur Skype ou par texto) et hommages discrets mais délicieux à la littérature, Songe à la douceur dessine un bréviaire du discours amoureux qui pourrait bien devenir un classique. Élégant (sans même parler de l’extraordinaire travail d’orfèvre dans la typographie et la mise en page qui soutiennent le texte en écho) et impertinent, jubilatoire, facétieux, forcément bouleversant, ce roman est un puissant générateur d’émotions, qui diffuse une joie et une énergie peu communes tout en vous serrant la gorge. Parlerai-je de chef d’œuvre ? Oui. Et de ma bouche le mot sort rarement. C’est un livre comme on en lit peu et je ne peux que me joindre au concert de louanges qui vont rougir les joues de cette jeune romancière que nous aurons l’immense privilège de recevoir en nos murs le 10 septembre prochain.