Cette enquête, réalisée à partir de témoignages et d'archives françaises et allemandes, retrace l'histoire des pendaisons et déportations des 9 et 10 juin 1944 à Tulle. Les FTP de J.-J. Chapou attaquent la garnison de Tulle et se rendent maître d'une partie de la ville, mais la troupe SS commandée par Lammerding exige des représailles et ce sont 99 civils qui sont pendus et des centaines déportés. ©Electre 2025

Les pendaisons de Tulle

Crime sans châtiment

Le livre relate d'abord la fin de l'Occupation en Corrèze. Après Tulle et Oradour, la Résistance intensifie ses engagements, les troupes allemandes sont débordées. Brive est le théâtre d'étranges manoeuvres entre les Allemands et les chefs de l'AS-ORA. Le débarquement en Provence détermine le colonel Böhmer à se rendre. Walter Schmald est exécuté. La Corrèze célèbre sa libération.

Cette décharge au bord de la route, surplombant la Corrèze, fut le premier lieu de sépulture des 99 pendus de Tulle, le 9 juin 1944. Dès la Libération, les criminels et responsables furent recherchés. Surtout le SS-Brigadeführer Lammerding, commandant la division Das Reich. Jusqu'en 1971 (mort de Lammerding), en passant par les procès de Bordeaux dans les années 50, l'« affaire de Tulle » s'enlisa devant les tribunaux français et dans les enquêtes allemandes sans aboutissement, pour n'être finalement qu'un obstacle gênant du programme forcé de l'« amitié franco-allemande ». La Wehrmacht fut acquittée. Pour les SS : Lammerding fut condamné à mort par contumace et demeurait intouchable. Quant au SD, les 20 ans auxquels August Meier fut condamné à Bordeaux se réduisirent à 3 ans et demi. De retour en Allemagne, son passé dans l'Einsatzgruppe C, avec 30.000 victimes à son actif, le rattrapa : nouvelle enquête, suicide en 1960.

Et pourtant : aux victimes de Tulle, on avait promis solennellement, dès la Libération : « La Nation ne vous oubliera pas. Justice sera rendue. »

Voici une enquête minutieuse, hallucinante, menée durant plus de dix ans, nourrie des rencontres avec de nombreux témoins et appuyée sur une fréquentation assidue des archives françaises et allemandes.