Un dictionnaire critique qui comprend des dissertations documentées sur les anciens pays du département (villes, villages, hameaux, maisons, églises, cours d'eau...) et la découverte de formes anciennes remettant en question les étymologies et l'aspect d'ensemble de la toponymie régionale. ©Electre 2024

Jean-Claude Malsy a jeté les bases d'une nouvelle conception du dictionnaire topographique départemental qui déborde largement celles qui ont présidé à l'élaboration de la collection inaugurée sous le Second Empire et dont le Dictionnaire topographique d'Auguste Matton donne un exemple très estimable en dépit de son ancienneté. Dans sa démarche explicative pas à pas, nous comprenons, grâce à l'auteur, le déroulement des faits qui justifie les changements de signification. Les ouvertures qu'il pratique habituellement sont largement justifiées par leur efficacité. L'ouvrage nous offre un chantier pour l'avenir autant qu'un trésor où les matériaux sont mis en ordre et commodément utilisables en vue des révélations futures.

L'ordre géographique selon lequel les rédacteurs ont énuméré les séquences de toponymes est un précieux repère qui met sur la voie de bien des identifications. Le repérage, qui avait déjà fait merveille au cours du premier volume, et qui est appliqué systématiquement pour la première fois peut-être dans un ouvrage de toponymie, donne toujours des résultats efficaces, notamment pour départager les homonymes.

Jean-Claude Malsy considère avec la plus grande attention toutes les subdivisions les plus anciennes, qui remontent peut-être aux gaulois, les pagi et bien entendu les civitates. Les pages consacrées aux pagi sont parmi les plus éclairantes.

L'auteur mentionne systématiquement les titulatures et, en plus de celles qu'il exploite, il engrange aussi une réserve d'indications où pourront puiser les historiens de tous ordres dans leur recherches régionales.

Disciple de Michel Roblin, intelligent bénéficiaire de ce qui faisait le fondement de l'enseignement de Longnon, Jean-Claude Malsy a réussi à faire la synthèse de la pensée de ces deux maîtres et il en est résulté une toponymie élargie et renouvelée. Elle se déploie dans une oeuvre dont le maintien des articles de Matton fait ressortir l'originalité. Le nom de lieu est arraché à son isolement ; sa valeur ne se conçoit pas indépendamment de son cadre historico-géographique. Paysage, territoire, parler régional, notre vie se déroule dans ces milieux qui sont en perpétuelle osmose, et dont une toponymie ouverte excelle à nous faire déchiffrer le passé.

J. Chaurand