Après une «partie artistique» consacrée à l'église, «ensemble d'un aspect plus solide qu'élégant» et au château de Sury-le-Comtal, dont «l'intérêt réside dans une ornementation intérieure en bois sculpté, d'une importance exceptionnelle», les auteurs s'attachent à la «partie historique» des deux localités en pratiquant une déambulation savante à travers la topographie, le temps des origines, les traditions et les légendes, le réel et l'imaginaire, les dates et les faits étayés par des documents avérés, et cette exploration de toutes les facettes du passé est singulièrement éclairante. Ainsi, le temple romain, élevé sur le site de Saint-Romain-le-Puy, auquel saint Martin substitua une chapelle et la piété du seigneur Bouchetal, qui fit des donations à l'abbaye d'Aulnay, elle-même à l'origine d'un monastère bénédictin ne doivent pas faire oublier l'histoire de la pierre percée où l'on faisait passer les enfants chétifs et cette idée poétique d'Honoré d'Urfé qui plaçait, dans L'Astrée, un temple de Vénus, en haut du pic, lieu idéal pour les mystérieuses pratiques druidiques. De même la succession généalogique des seigneurs, la liste des viguiers, des châtelains, des lieutenants et des prévôts, les méfaits du baron des Adrets et les superbes descriptions archéologiques (de l'église prieurale, école auvergnate du XI^e siècle, des églises Saint-Pierre et Saint-Martin) ne sauraient faire passer sous silence l'assassinat de Dom de Breymand, le sacristain, par son propre barbier ou la découverte, par M. Cessieux, de la Fontfort, source minérale bicarbonatée sodique forte...

Même chose pour Sury-le-Comtal dont le passé prestigieux, attesté d'une manière certaine dès le XI^e siècle, avec Guillaume I^er, comte de Lyon, et ses successeurs dont le château fort est cité dans un texte de 1107, est aussi émaillé d'anecdotes ; celle de la danse du Forez, par exemple, terrible accident survenu le jour de Noël au château de Sury-le-Comtal, lors des réjouissances offertes par le comte Guy IV, en partance pour la croisade, ou l'affranchissement étonnant, accordé par Guy VI, en 1277, aux Surycois qui résidaient dans un quartier bien délimité de la ville, gens nomades fixés là à l'occasion des marchés, à l'origine de la Ville Franche où l'on garda, jusqu'à la fin du XIX^e siècle, une prononciation de langage différente du reste de la cité. La reproduction des documents officiels, sceaux déterminants du destin de la localité, l'indication des armoiries et généalogies et de tous les faits d'importance n'excluant pas le récit de la découverte d'un trésor de 600 000 livres qu'aurait faite Pierre Descoubleau et qui aurait financé la restauration du château...