Ce livre montre comment, de haute lutte, les agronomes français et les chimistes agricoles allemands sont parvenus à rendre les sciences agronomiques indispensables à leur société. Il renouvelle aussi profondément notre perception des mondes paysans français et allemand, en particulier dans leur rapport avec la modernité. ©Electre 2024

Les ruralistes français et certains historiens anglo-saxons ont longtemps perçu l'agriculture française de la fin du XIX^e siècle comme étant «en retard» par rapport à l'agriculture allemande de la même époque. Cette idée de «retard agricole» est aujourd'hui largement contestée et les travaux publiés depuis une quinzaine d'années dessinent plutôt les contours de ce que l'on pourrait appeler la «voie agricole française» du dernier tiers du XIX^e siècle. Cependant, l'argument du «retard des sciences agronomiques» en France censé expliquer ce «retard agricole» n'avait fait l'objet d'aucune étude poussée. Au carrefour de la chimie et de l'agriculture cherche, de manière innovante, à combler cette lacune.

S'inscrivant dans le renouveau de l'historiographie rurale et utilisant les ouvertures apportées par le mouvement des études sociales des sciences, cet ouvrage se penche sur le développement des sciences agronomiques en Allemagne et en France, du début des années 1840 à la veille de la première guerre mondiale et montre comment de haute lutte, les agronomes français et les chimistes agricoles allemands sont parvenus à rendre les sciences agronomiques indispensables à leur société. Ce faisant, le livre propose une chronologie alternative de l'histoire des sciences agronomiques françaises et allemandes de la seconde moitié du XIX^e siècle.

Parce qu'il s'intéresse aux sciences agronomiques dans leurs relations avec le reste de la société et non plus dans le seul laboratoire, ce livre renouvelle aussi profondément notre perception des mondes paysans français et allemand, en particulier dans leur rapport à la modernité. Il modifie également nos perceptions des enjeux scientifiques et techniques en milieu rural des années 1840 à 1914 et pose un regard nouveau sur les élites politiques, administratives et scientifiques lorsqu'elles débattent des questions agronomiques.