Cette étude montre l'évolution du culte des jumeaux chez les Yoroubas tant du point de vue des traditions rituelles que de l'art scuptural. Elle analyse les qualités artistiques des figurines ibeji de la région d'Ekiti et les liens entre les jeunes sculpteurs et les maîtres chevronnés. Enfin, un sculpteur yorouba exprime son univers et ses pensées. Suivent des représentations d'ibeji. ©Electre 2025

Dans le cadre de leurs études menées sur l'art Yoruba, nombre de chercheurs ont souligné l'importance accordée à la représentation de la gémellité ere ibeji. La diversité des statuettes exécutées dans les limites relativement étroites de cette forme d'art est tout simplement extraordinaire. À travers les milliers de figures ibeji découvertes dans le pays Yoruba, se dessinent les nombreuses personnalités qui ont choisi de traiter ce même sujet.

Dans l'histoire de la sculpture figurative africaine, les artistes Yoruba se distinguent par leur production importante et par la grande variété des objets utilisés à des fins domestiques et rituelles: portes et piliers de véranda, représentations des nombreuses divinités (orisa) du panthéon Yoruba, masques de danse de la fête d'Egungun, ou des rites Gelede et Epa. Lorsque des jumeaux meurent et que les parents souhaitent honorer leur mémoire, les sculpteurs créent des figurines en bois qui sont déposées dans le sanctuaire ancestral de la famille ou à côté du lit de la mère. Comme les naissances gémellaires et la mortalité infantile sont particulièrement élevées dans le territoire Yoruba, le nombre d'ere ibeji est considérable et permet une étude approfondie de la diversité artistique des statuettes.

John Pemberton s'est donc intéressé à l'évolution de l'attitude des Yoruba face aux jumeaux et au culte des ibeji. John Picton, quant à lui, a méthodiquement analysé les qualités artistiques des figurines ibeji de la région Ekiti, dans le nord-est du pays Yoruba. Il nous informe des liens étroits qui unissaient les jeunes sculpteurs aux maîtres chevronnés et du partage des techniques et des idées entre les artistes d'une même contrée. Enfin, Lamidi O. Fakeye nous donne l'occasion précieuse de nous plonger dans l'univers et les pensées d'un sculpteur Yoruba.

Provenant de musées et de collections privées du monde entier, les six cents statuettes ibeji représentées dans cet ouvrage sont parmi les plus belles et les plus rares qu'il nous soit donné de contempler. La plupart de ces pièces apparaissent pour la première fois dans une publication. D'autre part, c'est également la première fois qu'est établie une liste de sculpteurs Yoruba. Les oeuvres d'un même type stylistique ont été rapprochées afin de permettre au lecteur de les identifier et de transformer l'ouvrage en véritable expérience visuelle.