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Panorama du patrimoine industriel de cette partie du département liée à la Seine, des vestiges de la première industrialisation à la désindustrialisation. Résultat d'une enquête approfondie, le livre suit l'évolution des constructions et des aménagements et fournit des monographies sur 36 sites industriels ou artisanaux, des moulins du ru de Balory à la sucrerie de Bray-sur-Seine. ©Electre 2024
André Malraux, 25 mars 1969
En même temps qu'il complète nos connaissances, il suggère une mise en question sans précédent des valeurs sur lesquelles ces connaissances se fondent. Les objets d'archéologie peuvent être définis en tant que témoins. On les rassemble selon des méthodes d'ordre scientifique, ou qui tentent de l'être.
L'insertion inconnue rejoint l'inscription connue, et le morceau d'architrave, la colonne mutilée. Il n'en va pas de même des oeuvres d'art. Au musée, dans notre mémoire, dans nos inventaires, l'objet inconnu, depuis un siècle, rejoint moins l'objet connu que l'oeuvre dédaignée ne rejoint l'oeuvre admirée. L'inventaire qui rassemblait les statues romaines de Provence n'était pas de même nature que celui qui leur ajoute les têtes de Roquepertuse et d'Entremont. Il ne s'agit pas seulement d'une « évolution du goût ». (Évolution troublante, comme celle de la mode, car nul n'a expliqué ce qui pousse les hommes à être barbus sous Agamemnon, Henri IV et Fallières, et rasés sous Alexandre ou Louis XV.) Ce n'est pas seulement le goût qui, dans les inventaires, ajoute les statues romanes aux statues romaines, et les oeuvres gothiques aux oeuvres romanes, avant de leur ajouter les têtes d'Entremont. Mais ce ne sont pas non plus les découvertes, car les oeuvres gothiques n'étaient point inconnues : elles n'étaient qu'invisibles. Les hommes qui recouvrirent le tympan d'Autun ne le voyaient pas, du moins en tant qu'oeuvre d'art. Pour que l'oeuvre soit inventoriée, il faut qu'elle soit devenue visible. Et elle n'échappe pas à la nuit par la lumière qui l'éclaire comme elle éclaire les roches, mais par les valeurs qui l'éclairent comme elles ont toujours éclairé les formes délivrées de la confusion universelle. Tout inventaire artistique est ordonné par des valeurs ; il n'est pas le résultat d'une énumération, mais d'un filtrage.
Nous écartons, nous aussi, les oeuvres que nous ne « voyons » pas. Mais que nous puissions ne pas les voir, nous le savons, et sommes les premiers à le savoir ; et nous connaissons le piège de l'idée de maladresse. Si bien que nous ne tentons plus un inventaire des formes conduit par la valeur connue, beauté ou expression, qui orientait la recherche et la résurrection ; mais, à quelques égards, le contraire : pour la première fois, la recherche, devenue son objet propre, fait de l'art une valeur à découvrir, l'objet d'une question fondamentale.
Et c'est pourquoi nous tenons à mener à bien ce qui ne put l'être pendant cinquante ans : l'inventaire des richesses artistiques de la France est devenu une aventure de l'esprit.
Dans quel monde entrons-nous ? C'est le cri unanime, le soupir jamais contenu, la question qui, sans répit, perle du bouquet de paroles, de monuments et de vestiges qui forment la trame de cet ouvrage. Voici en effet l'histoire d'une portion de vallée française, couverte en deux siècles d'un brun manteau d'usines, frappée par la grande crise systémique des années 1970 et saisie par la mutation du système productif. Au spectacle de la ruine, voire de la table rase, a succédé celui des combats pour la réindustrialisation, des actions pour soutenir les zones d'activité, des efforts enfin pour reconvertir les sites emblématiques à de nouveaux usages. Au-delà des années de tourmente, quel héritage l'industrie aura-t-elle légué à ce territoire, pour le meilleur et pour le pire ?
Il était urgent de recenser et d'étudier les traces matérielles de cette aventure et de leur donner vie grâce aux témoignages des anciens. Ce livre est le résultat d'un long arpentage et d'une enquête approfondie menée en Seine-et-Marne, dans les cinquante-deux communes de la vallée de la Seine. Un territoire situé en amont de la capitale, qui dès le Moyen Âge et l'époque moderne lui a fourni le blé, le bois, les pierres, le sable, la chaux, les briques nécessaires à sa subsistance et à son essor. Un territoire irrigué en retour par l'expansion de l'agglomération parisienne, l'une des principales capitales de la « révolution industrielle » occidentale. Un territoire de transition, en somme, entre l'amont nourricier et l'aval urbain.
Paru le : 13/09/2017
Thématique : Essais Scientifiques
Auteur(s) : Auteur : Ile-de-France. Service Patrimoines et Inventaire
Éditeur(s) :
Somogy
Collection(s) : Non précisé.
Contributeur(s) : Auteur : Seine-et-Marne. Direction des affaires culturelles - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Nicolas Pierrot - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Nathalie Hubert - Photographe : Philippe Ayrault - Photographe : Yvan Bourhis - Cartographe : Diane Bétored - Cartographe : Catherine Rhein - Illustrateur : Julien Delannoy
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7572-0936-3
EAN13 : 9782757209363
Reliure : Relié sous jaquette
Pages : 295
Hauteur: 30.0 cm / Largeur 26.0 cm
Épaisseur: 2.9 cm
Poids: 1976 g