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Rencontres. Vol. 3. Johannes Kahrs

Auteur : Johannes Kahrs

Auteur : Eric Caillon

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Résumé

Un entretien entre la photographe Johannes Kahrs et Eric Caillon, illustré de ses oeuvres. ©Electre 2024

Listening to all these strange sounds I recorded last fall - almost one year ago - I don't really know what to think of them, I don't know a lot anyway, I feel distant from the paintings, from my ideas and you burnt your last piece of bread and I wish I'd stop thinking and wondering about the purpose of the work, as if I wanted to explain in advance what I want to do, instead of seeing how it turns out. I think l'm better when in a state of not knowing, of seeking something in an image, something I need to do without a precise reason to do it, except for the fascination for that image or what I see in it...

Then again I'm mad, and because of all the distractions I feel what the fuck, but time runs away without result, without aim, no point of approach. I'm also distracted by the different speed of time between thinking and doing - it takes too long to do a painting or what I want from it, because I don't really want the painting but the image - although I want it painted, to make it my image.

Peter recently said that I'm like this Jewish man - forgot his name - who neglected everything about being a Jew. I guess he meant that I'm a painter, but hate to do it and maybe he is right, because when I go to Silva or Peter's studio, I smell the paint, look at the studio, the canvases, paint, brushes, books of Beckmann, Matta or Josef Albers, and get bored and feel apart from their doing.

I then think of Jarman or Larry Clark, of all these strange guys living out their obsessive ideas, and most of the time it's not painting I see there. But again I feel frustrated, because I'm too slow to turn my ideas into an obsession as well, and I hate my langsamkeit (slowness). I then feel that the painting - image - is all too quiet and isolated from my feelings and longings, although maybe they don't belong in there anyway. But still the images are distant and require also a distant approach, they are never released from their solitude, whereas I would like them to be sparkling, sexy, direct, passionate, chaotic. I don't know when I stopped believing in a personal handwriting. But I don't believe in it nor in any aesthethical placement - still I love songwriters and all those fuckers who put down their very personal diary.

(Space) is first of all my body, and then it is the counterpart or `other', its mirror-image or shadow : it is the shifting intersection between that which touches, penetrates, threatens or benefits my body on the one hand, and all other bodies on the other. Lefebvre, The Production of Space, 1974


J'écoute tous ces sons étranges que j'ai enregistrés l'automne dernier - il y a presque un an - et je ne sais pas vraiment quoi en penser, en fait je sais peu de chose, je me sens distant des tableaux, de mes idées et t'as brûlé ton dernier billet de banque et je souhaiterais cesser de penser et de m'interroger sur la raison d'être du travail, comme si je souhaitais expliquer d'avance ce que je veux faire, au lieu d'attendre et voir ce que ça devient. Je crois être meilleur quand je suis dans l'ignorance, quand je cherche quelque chose dans une image, quelque chose que j'ai besoin de faire sans savoir la raison exacte, à part la fascination que j'éprouve pour une image ou bien ce que j'y vois...

Mais après tout, je suis fou, et toutes ces distractions font que je me dis putain de merde, mais le temps s'échappe sans résultat, sans but, sans point de repère. Aussi, je suis perturbé par la différence de rapidité dans le temps entre pensée et action - ça prend trop de temps de faire un tableau ou d'en obtenir ce que je veux en obtenir, parce que ce n'est pas tant le tableau que l'image que je recherche - même si je la veux peinte, et en faire mon image.

Peter a dit récemment que je ressemblais à cet homme juif - j'oublie son nom - qui négligeait son judaïsme, je suppose qu'il voulait dire par là que je suis peintre tout en détestant le fait de devoir peindre, et il a peut-être raison, parce que lorsque je me rends à l'atelier de Silva ou Peter, je sens l'odeur de peinture, je vois l'atelier, les toiles, la peinture, les pinceaux, des livres de Beckmann, Matta ou Josef Albers, et je m'ennuie et ne me sens aucunement lié à ce qu'ils font.

Puis, je pense à Jarman ou Larry Clark, et à tous ces mecs bizarres vivant leurs idées obsédantes et la plupart du temps ce n'est pas de la peinture que je vois là. Mais encore, je me sens frustré, parce que je n'ai pas la rapidité suffisante pour transformer, comme eux, mes idées en obsessions, et je déteste ma langsamkeit (lenteur). Ensuite j'ai le sentiment que le tableau - image - est bien trop sage et j'ai le sentiment que mon travail est isolé de mes sentiments et désirs, même s'ils n'ont pas vraiment leur place là-dedans de toute façon. Et pourtant les images sont distantes et requièrent aussi une approche distante, ne quittant jamais leur solitude, tandis que je les voudrais étincelantes, sexy et directes, passionnées et chaotiques. Je ne sais pas quand j'ai cessé de croire en une écriture personnelle. Toujours est-il que je n'y crois pas, ni en elle ni en une quelconque organisation esthétique - pourtant j'adore les auteurs de chansons et tous ces allumés qui livrent leur journal très personnel.

(Space) est en premier lieu mon corps, et c'est aussi la contrepartie ou `l'autre', son image reflétée ou son ombre : c'est le recoupement changeant entre ce qui touche, pénètre, menace ou profite à mon corps, d'un côté, et de l'autre, tous les autres corps. Lefebvre, The Production of Space, 1974

Fiche Technique

Paru le : 15/11/2000

Thématique : Ecrits sur la photographie

Auteur(s) : Auteur : Johannes Kahrs Auteur : Eric Caillon

Éditeur(s) : Images modernes

Collection(s) : Non précisé.

Série(s) : Rencontres

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782913355057

Reliure : Broché

Hauteur: 24.0 cm / Largeur 17.0 cm


Épaisseur: 0.5 cm

Poids: 173 g