Né en 1925, l'auteur a écrit quinze romans et réalisé presque autant de films. Dans ce journal, il analyse le désastre qui, selon lui, a frappé l'éthique, l'économie, les idées et les idéaux du cinéma italien pendant les années 1980-1990. Sa critique est suivie d'un petit dictionnaire dans lequel il fixe les caractères et les comportements des professionnels du cinéma. ©Electre 2025

Ce journal représente un cas unique dans la littérature cinématographique. J'ai eu beau m'efforcer de chercher dans les biographies et autobiographies des réalisateurs du passé quelque chose de semblable ou de comparable à l'expérience et aux aventures racontées par Fabio Carpi dans ces pages, je n'ai rien trouvé d'analogue ou ne serait-ce que vaguement ressemblant. Pour moi, il s'agit là d'une espèce de « monstre » au sens étymologique du terme, d'une chose rendue exceptionnelle par la capacité de l'auteur à enregistrer et à mélanger de manière indissociable, d'une part une description si précise de la petite histoire de la vie privée, des petits et grands troubles physiques ou psychosomatiques, d'autre part l'activité professionnelle et créatrice développée dans un contexte productif rendu hybride par la concurrence de la télévision, et devenu complètement confus.

Homère, la dernière Odyssée . Pas d'armes, pas des coups de feu, mais de l'ironie, des sarcasmes et, ce qui est encore plus cruel, l'aigu de la clairvoyance. Homère, film de Fabio Carpi dont le héros est aveugle, nous rince les yeux. La nuit y est superbe puisque cette oeuvre est solaire. [...] Allez voir Homère de Fabio Carpi. Allez voir Borges-Rich et Sibilla-Cavalli. Puis rentrez chez vous et lisez. Ou aimez. Mourez, peut-être, c'est si cruel et si doux. Jean-Pierre Dufreigne, L'Express.

L'Amour nécessaire . Toute la force de L'Amour nécessaire, sans doute le meilleur film de Fabio Carpi et celui qui fait la synthèse d'éléments épars dans ses titres précédents, L'Âge de la paix et Le Quatuor Basileus en particulier, vient de ce que le réalisateur (à l'image de Hitchcock de Fenêtre sur cour ou du Powell du Voyeur) s'est souvenu que parler du regard, de la séduction, de la manipulation, c'est parler du cinéma. Sur de telles prémisses, on ne peut pas tout à fait rater un film. On peut même, c'est le cas ici, le réussir. [...] On pense à La Règle du jeu, bien sûr, avec ses maîtres, ses domestiques et ses lapins qu'on tire, mais le propos de Carpi n'est pas d'ordre social. De La Règle il ne retient que le mouvement des sens, la valse des coeurs, certains révant de mener le bal, tandis que d'autres ne savent pas qu'ils sont déjà des proies. Tout cela est filmé avec bonheur, avec élégance. Carpi n'est peut-être qu'un « petit maître », mais d'un raffinement rohmerien, qui le rapproche d'un Musset qui aurait lu Sade. JR, L'humanité.

Basileus Quartet . Witty, intelligent [...] has much of the purity of tone and leanness of line of the marvellous music. Vincent Canby, New York Times.

Basileus Quartet . It plays like a lovely chamber piece, and its actors work with a good musical quartet's instinctive politesse and self-effacing skill, muting individual flights in deference to total effect. Carpi may never be a Beethoven of the cinema, but he could perhaps be a Schubert, and there are few enough of those making movies these days. Richard Schickel, Time.