Une présentation de trente copies originales uniques de films produits entre 1896 et 1900, découvertes à Vevey, au Musée suisse de l'appareil photographique, qui fournit, par ailleurs, une documentation inédite sur la manière dont fut diffusé et accueilli le cinéma en Suisse, entre 1895 et 1911. ©Electre 2024

Trouver des films originaux de Georges Méliès, c'est toujours possible. Trouver des œuvres contemporaines produites par ses concurrents, voilà qui arrive encore, près de cent ans plus tard.

La légende veut que ce genre de découverte ait lieu dans des endroits romantiques : granges, greniers et roulottes.

Elle n'a pas toujours tort, mais c'est plus souvent dans les archives et les musées, en rangeant des objets en souffrance, qu'un frisson saisit le catalogueur, l'archiviste, l'historien, le restaurateur, et peut-être même l'amateur curieux.

On croit que cela n'arrive qu'aux autres, à Rochester, Montevideo, Berkhamstead ou Amsterdam.

Or rien n'empêche que cela ait lieu à deux pas de chez sol. A Vevey, au Musée suisse de l'appareil photographique, par exemple.

Ensuite, c'est le petit ballet savant qui commence : identifier, restaurer, transférer et remettre en circulation - autant d'opérations liées qui sont présentées ici comme projet exemplaire, associant la recherche historique à la démarche de restauration, confiée à Hermann Wetter.

Trente films d'un coup, trente copies originales uniques de films produits entre 1896 et 1900, montrés à l'époque par les nouveaux entrepreneurs du spectacle cinématographique, le premier venu un peu culotté et mécanicien, le forain changeant de «métier», le directeur de théâtre de variétés cherchant à renouveler ses numéros, en Suisse comme partout en Europe.

C'est d'un fragment retrouvé de leur répertoire de «photographies animées» que traite cet ouvrage.

Il s'agit du cinéma des années 1896-1900, le plus ancien que l'on puisse encore montrer, un héritage restitué grâce au soutien de Memoriav et à la collaboration de la Cinémathèque suisse. Scènes urbaines, sketches comiques, tableaux d'histoire, reportages, actualités reconstituées, films à trucs : rien n'y manque, ou presque.

Pour donner sens à ces documents d'un proche passé fuyant, il fallait des propos sérieux, des descriptions inobjectivement objectives, et des images - des images qui gardent encore la trace de leur mouvement.

La publication doit son existence à l'engagement du Musée suisse de l'appareil photographique de Vevey et à l'aide de Memoriav, Association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle en Suisse, Berne.