Silvia Baron Supervielle, dont la réputation comme poète et essayiste n'est plus à faire, nous révèle avec Le pont international qu'elle possède également un vrai talent de romancière. Son point de départ est des plus audacieux : elle se glisse tout simplement dans les interstices de l'œuvre borgésienne ! En empruntant au grand maître argentin le personnage principal de la nouvelle « Funes ou la mémoire », elle se livre à une belle digression romanesque autour du thème de la rencontre amoureuse. Car pour elle, Funes ne peut pas être mort sans avoir connu l'amour… Nous sommes à la frontière entre l'Uruguay et l'Argentine, les deux pays étant reliés par ce pont qui donne son titre au roman, et qui représente cette possibilité d'un ailleurs qui hante tous les personnages du roman, y compris la belle Amalia, aperçue par Funes sur la place du marché de Fray Bentos… Ce simple regard, sans être suivi d'une vraie rencontre, changera néanmoins la vie des deux jeunes gens. Le jour-même, Amalia disparaît et sa mère Rosa demande alors de l'aide à la mère de Funes. Les deux femmes ont jadis aimé le même homme…



Photographie : ©Hélie-Gallimard