Alexandre Postel nous plonge dans Tout ouïe, un roman à la structure originale : l'échange entre une éditrice et un auteur énigmatique. Il lui soumet son texte chapitre par chapitre, un récit où les fantasmes du désir masculin affleurent. Le personnage principal, Victor, est un solitaire dont la vie tourne autour d'expériences acoustiques intenses, notamment une obsession pour les bruits du plaisir féminin. Cette quête le transforme en un "maniaque" à la Don Quichotte, à la fois comique et pathétique.

Le roman offre une rare incursion dans le monde de l'édition et, surtout, une réflexion profonde sur l'acte de lire. L'éditrice, simple lectrice avant tout, se trouve confrontée à un texte qui la trouble. Ce qui semble d'abord être un pur fantasme sexiste se révèle progressivement comme une quête d'absolu, un refus de la solitude, faisant écho à ses propres failles. Pour Alexandre Postel, la lecture de fiction est émancipatrice : elle permet de se dissocier de soi-même, de s'éloigner de la "tyrannie du moi". C'est cette rencontre des solitudes par le texte qui constitue le cœur du roman. Le ton varie entre l'humour, la mélancolie et la sensualité, offrant une expérience littéraire riche et nuancée.