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Ariana Harwicz - Erreur de jugement

Quand la passion bascule dans la violence : Un couple à vif, un jugement, et la fureur d'une mère spoliée de ses enfants.
Publié le 12/11/2025
À l'occasion de l'édition 2025 du festival "Les Correspondances de Manosque", Ariana Harwicz vous présente son ouvrage "Erreur de jugement" aux éditions Dalva. Rentrée littéraire automne 2025.
Dans ce court roman, Ariana Harwicz explore la descente aux enfers d’un couple marié franco-argentin, installé à la campagne française. Leur amour passionnel et érotique dérive violemment après la naissance de leurs enfants. L’intensité des scènes se mue en bagarres physiques, jusqu'à l'intervention de la justice.

L'autrice met en lumière l'"erreur de jugement" (traduction de l'espagnol perder el juicio : perdre le procès et la raison) à plusieurs niveaux. La justice locale, favorisant le père français bien connu, retire les enfants à l'épouse étrangère et lui impose une ordonnance d'éloignement. Pour cette dernière, la justice commet une "erreur de jugement" en la condamnant sans qu'elle soit la "victime idéale parfaite".

De son côté, la mère commet également une "erreur de jugement" en planifiant sa vengeance : elle brûle la maison familiale et tente de kidnapper ses propres enfants. Pour l'autrice, tous les personnages sont faillibles, y compris le père, et même le lecteur pourrait être induit en erreur.

Le roman, très court, fonctionne comme un short story ou une "nouvelle". Cette brièveté est un choix délibéré pour soutenir une "intensité tellement folle" et une "densité" psychologique extrême. Le style épouse la "vitesse de la voiture" d'un road movie, refusant le rôle confortable et l'étalement narratif.

Bien que femme, Ariana Harwicz cherche à adopter un point de vue "démocratique" en développant tous les regards possibles, y compris ceux du bourreau, du victimaire et du mari. Cependant, à travers ses recherches sur les femmes "kidnappées" de leurs enfants par la justice ou le père, l'autrice s'aligne émotionnellement sur la colère de la mère.

L'autrice exprime sa méfiance envers la justice dans la vie réelle, qu'elle juge incapable de "réparation". Elle croit en revanche à la "justice dans le roman, dans l'art". Écrire "Erreur de jugement" est ainsi une manière de "faire justice" à ces destins.
Bibliographie