Le mot "cyberpunk" renvoie immédiatement à une esthétique visuelle très reconnaissable, celle d'un futur sombre et dystopique. Mais l'autrice Asma Mhalla part de ce mouvement littéraire et cinématographique des années 70-80 pour démontrer comment il est, en réalité, le miroir de notre présent. Les auteurs de l'époque décrivaient des mondes saturés, pollués, dirigés par de surpuissantes mégacorporations, avec une technosurveillance omniprésente et des individus isolés. Cette vision, autrefois de la science-fiction, est selon elle, devenue notre réalité. L'essai s'inscrit dans une déconstruction de notre "aveuglement collectif". Asma Mhalla dénonce la perception erronée selon laquelle les menaces actuelles, comme l'autoritarisme, sont des perspectives lointaines.
u contraire, elle affirme qu'elles sont déjà là, et que ne pas les nommer, c'est ajouter au malheur du monde. Elle illustre ce propos avec l'exemple de l'élection américaine, où l'on a sous-estimé la puissance de Donald Trump, en le qualifiant de "fascisme spectacle". L'autrice nuance cette idée en s'appuyant sur les travaux de Jean Baudrillard. Si le fascisme actuel n'a pas la même forme que celui des années 30, il n'en est pas moins réel. C'est un "fascisme simulacre" où les institutions sont vidées de leur substance, où la censure est invisible, et la terreur, insidieuse. Ce nouveau système totalitaire se manifeste aussi par ce que l'autrice nomme le "gaslighting géopolitique". Un concept issu de la psychologie, qui se caractérise par une inversion des définitions et un déni du réel dans le but de faire douter de soi. Les récits et la guerre des images menés par les puissances étatiques et les GAFAM ont pour objectif de faire douter de nos propres perceptions.
C'est le cas par exemple d'une expression comme "la paix par la force", qui est un oxymore et une déstabilisation cognitive et psychologique qui fait écho à l'univers d'Orwell. Le gaslighting est un outil utilisé par les puissances et les "gourous de la tech", qui construisent une nouvelle civilisation pendant que nous sommes concentrés sur des détails et des débats stériles. Face à ce système, l'autrice appelle à une prise de conscience collective. Elle s'élève contre l'idée que nous serions impuissants. Au contraire, notre consentement est ce qui alimente leur puissance. La solution réside dans le réveil des consciences et dans le pouvoir du réel. De la "masse atomisée", il est urgent de former une "légion". L'essai d'Asma Mhalla est un plaidoyer pour réinvestir le réel, pour se retrouver, pour échanger, pour reconstruire le lien social et l'humanité, car le virtuel est devenu la nouvelle norme et la norme totalitaire.
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