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Benoît Peeters & François Schuiten - Les cités obscures. L'écho des cités : histoire d'un journal

Le secret d'une série culte : liberté créative et territoires inexplorés.
Publié le 03/11/2025
À l'occasion de l'édition 2025 du Festival Hypermondes, Benoît Peeters et François Schuiten vous présentent son ouvrage "Les cités obscures. L'écho des cités : histoire d'un journal" aux éditions Casterman. Rentrée littéraire automne 2025.
Benoît Peeters et François Schuiten reviennent ici sur l'origine et la philosophie de la série culte Les Cités obscures. Née d'une amitié d'enfance et d'une envie spontanée, la série s'est développée en marge des conventions de la bande dessinée classique. Les auteurs soulignent deux principes fondateurs : l'absence de héros récurrents et la volonté de créer des albums autonomes.
Inspirés par le "nouveau roman de la bande dessinée" des années 80, ils ont cherché à éviter l'écueil du personnage-prison, offrant au lecteur la liberté d'entrer dans la série par n'importe quelle histoire, comme on arpente un territoire. Cette liberté se traduit également dans le choix des formats et des techniques, incluant albums en noir et blanc, illustrations ou même films, refusant toute forme d'enfermement. Ils insistent : il n'y aura pas d'album ultime pour conclure, l'œuvre demeurant ouverte et évolutive, nourrie par leurs rencontres et les transformations du monde.

'échange se concentre ensuite sur l'ouvrage L'écho des cités : histoire d'un journal, un projet initié par une commande d'architecture et d'urbanisme. Pour les auteurs, c'était l'occasion de renouer avec la tradition des revues littéraires et illustrées disparues (comme À Suivre ou Métal Hurlant), mais aussi avec les racines de la bande dessinée américaine née dans les journaux. Cette démarche fait écho à leur fascination pour le travail d'artistes comme Winsor McCay, utilisant le support pauvre du journal pour un dessin riche.

L'ouvrage aborde deux thématiques croisées : donner des nouvelles du monde des Cités obscures et raconter l'histoire d'un journal croyant à l'illustration, concurrencé par la photographie. Ce thème — le dessin versus la photo — est une métaphore des bouleversements technologiques actuels (l'IA, le numérique) : en traitant un sujet historique (l'apparition du daguerréotype), ils parlent des préoccupations contemporaines. L'histoire s'inspire également de la figure de Félix Tournachon (Nadar), photographe, portraitiste et inventeur.

Enfin, Benoît Peeters et François Schuiten clarifient leur méthode de travail, refusant la segmentation classique "scénariste-dessinateur". Leur collaboration est totale : ils conçoivent l'histoire et le storyboard à deux. Leur objectif est de former "un auteur complet" où le texte et le dessin s'interpénètrent pour créer un langage singulier.
Leurs influences sont vastes : de grands noms de la BD (Franquin, Hergé, Jacobs) aux auteurs japonais et américains, en passant par le cinéma (Orson Welles, Fritz Lang, Hitchcock) et la littérature. Ils se nourrissent également de presse ancienne et d'architectures. L'hommage explicite à Albert Robida dans Revoir Paris illustre leur volonté d'ouvrir les portes vers d'autres découvertes, maintenant ainsi un univers en transformation permanente, où l'architecture et la ville restent une marque de fabrique.
Bibliographie