Caroline Lamarche - Le bel obscur

Dans "Le bel obscur", Caroline Lamarche s'inspire d'une citation de Francis Ponge pour nous entraîner dans une histoire de corps et de solitude. Le roman explore l'intimité d'un couple qui, après la découverte de l'homosexualité du mari, se réinvente. La narratrice se retrouve pourtant seule, face à une société qui ne comprend pas cette nouvelle configuration. Pour elle, le coming-out de son conjoint n'est pas une libération, mais une épreuve, un "angle mort" de la littérature et de l'histoire. À la recherche d'une porte d'entrée pour son récit, l'auteure découvre une archive familiale : l'histoire d'un jeune ancêtre, mort seul en 1835, et banni de sa généalogie. Il avait été renié par sa mère, après avoir été pourtant un héros.

L'auteure s'empare de son histoire pour adopter ce mort oublié, et en faire un miroir de sa propre quête. Elle réalise que le silence et le déni familial d'antan font écho au sien. En se plongeant dans cette histoire, la narratrice se met en quête de son propre chemin. Elle se retrouve confrontée à l'idéalisation de son couple, à l'amour qu'elle porte à son mari, qu'elle accueille les amants ou qu'elle fusionne les mondes homosexuel et hétérosexuel dans une grande fraternité. Elle s'interroge : cet amour, qui a tant donné, n'est-il pas un piège qui l'empêche de trouver son propre chemin ?

L'auteure illustre cette métaphore par une image de nature, celle d'un arbre budléia qui, par sa beauté, capte les papillons et les rend stériles, les empêchant de butiner ailleurs. Au-delà de son histoire personnelle, le livre invite à la réflexion sur la complexité des relations humaines et des liens familiaux. Avec une écriture mêlant lucidité, humour et poésie, Caroline Lamarche nous offre une lecture alchimique, où passé et présent, intime et universel, se rejoignent pour donner naissance à un récit fluide et libérateur.