Charif Majdalani - Le nom des rois

Charif Majdalani s'aventure pour la première fois sur un terrain autobiographique, se livrant sur son enfance et son adolescence. À travers une passion enfantine pour les noms et généalogies de rois disparus, l'auteur découvre une préfiguration de son amour pour les mots et leur poésie. Ce livre est une plongée dans une période charnière, celle où l'adolescent, perdu dans ses rêveries historiques et ses épopées lointaines, est brutalement confronté à l'effondrement de son monde.

L'auteur raconte l'expérience du début de la guerre civile au Liban, qu'il voit à travers les yeux d'un adolescent. La violence de ce changement est vécue de façon bien plus intense que par les adultes. Ses lieux de vie, ses repères et ses amis sont dispersés, engloutis par le conflit. Même le village de montagne où sa famille se réfugie, lieu de ses rêveries les plus folles, est envahi par les bourgeois de Beyrouth. L'adolescent se sent dépossédé de son royaume imaginaire et de son monde idéal.

Cette perte est au cœur du roman. Le livre n'est pas seulement un récit d'une époque révolue, mais aussi une chronique de l'initiation d'un jeune homme à la réalité du monde. Cette confrontation se transforme en un grand moment de désenchantement et de désillusion. L'auteur raconte que ses rêveries épiques s'incarnent dans une réalité qui n'a rien de romantique. Cet éveil douloureux le force à s'ancrer dans le réel et à se connecter pour la première fois au monde qui l'entoure.

Majdalani explique que si le récit est profondément autobiographique, il s'est permis des libertés d'écriture, comme modifier les noms de lieux et de personnes pour protéger ses proches. Il a également choisi d'accentuer certains événements pour leur donner une tournure plus épique, fidèle à la perception qu'il en avait à l'époque, où sa propre vie semblait déjà être une fiction.