Dans cet entretien captivant, Charles Salles nous éclaire sur le choix de consacrer un livre à Jean-Luc Lagarce après son précédent ouvrage sur Alain Pacadis. L'auteur explique que si ces deux figures des nuits parisiennes partagent des similitudes, notamment une vie nocturne intense et une mort précoce, leurs histoires divergent et offrent un éclairage différent sur la vie gay dans le Paris des années 70 à 90.

Alors que Pacadis vivait un Paris où le jour et la nuit s'entremêlaient, Lagarce opérait une séparation radicale entre sa vie diurne, hétérosexuelle et professionnelle, et sa vie nocturne, un espace de recherche d'amour et de connexion homosexuelle. Contrairement à Pacadis, qui tentait de combler un manque d'amour par la drogue et l'alcool, Lagarce cherchait cet amour dans la nuit, mais en vain. L'auteur souligne que la perception de la sexualité gay a évolué entre les années 70 et les années 90, ce qui a peut-être permis à Lagarce d'être plus équilibré dans son rapport à l'excès.

La conversation aborde également la fascination de Charles Salles pour Paris et cette période charnière de 1970 à 1990. Loin de partager l'avis de ceux qui pensent que la capitale a radicalement changé, il estime que c'est notre rapport à la ville qui évolue avec l'âge. Le Paris nocturne, avec ses clubs et ses boîtes, perdure, mais ce sont les lieux que l'on fréquente qui changent. Ce livre se révèle être un voyage à travers une époque déterminante pour la culture, en explorant une ville à travers le regard de deux de ses figures les plus emblématiques et complexes.