Clément Camar-Mercier - La tentation artificielle

"La tentation artificielle" est une tragédie-comédie qui explore la quête de sens à l'ère du numérique et de la "mort de Dieu" nietzschéenne. Le personnage principal est Jérémy, un concepteur d'algorithmes à l'apogée de sa carrière, qui travaille pour les plus grandes plateformes mondiales. Son sentiment de toute-puissance et d'immortalité, typique de l'humanisme transhumaniste, est brusquement confronté à la finitude et à la "pourriture" de son propre corps par une série de petits soucis de santé "très chiants" mais sans gravité. Cette absence d'explication le pousse à une première remise en question.

Jérémy, qui exècre la "non-exploitation" du potentiel maximal, juge l'humain inefficace en raison d'une multitude de "mauvais choix". Il décide alors de confier sa vie à des algorithmes, dont un qui lui conseille d'entreprendre une retraite spirituelle. C'est ainsi qu'il se rend à l'Abbaye de Solesmes pour une rencontre qui constitue le cœur du livre : une confrontation entre le sacré et le profane, les anciens et les modernes. Au lieu d'y trouver une rédemption ou de se convertir à la spiritualité monastique, Jérémy est frappé par une idée cynique et néfaste : remplacer le vide laissé par la mort de Dieu. Observant les moines soumis aux règles divines depuis un millénaire, Jérémy imagine un plan pour soumettre l'humanité à une nouvelle puissance divine : une Intelligence Artificielle.

La dernière partie du roman bascule dans l'anticipation et le cynisme. Jérémy tente de mettre au point une IA capable de soumettre l'humain à ses choix moraux. L'objectif n'est pas la simple domination de la machine, mais une véritable fusion homme-machine : l'humain ne serait plus qu'un corps exécutant les choix pris par l'algorithme, le cerveau de cette nouvelle entité. Cette fusion corps-machine est, pour l'auteur, une perspective bien plus inquiétante que la domination. Le roman se définit comme une tragédie-comédie, mêlant les genres (polar, surnaturel, science-fiction) sans les hiérarchiser.

L'auteur souligne l'importance d'utiliser l'humour, la distance et l'ironie pour aborder la noirceur et les enjeux contemporains, évitant ainsi un "tunnel destructeur" pour le lecteur et proposant une expérience à la fois "amère mais aussi sucrée".