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Clotilde Leguil - La déprise : essai sur les ressorts intimes de la désobéissance

Un essai philosophique qui explore les ressorts de la désobéissance et les paradoxes de l'amour et du désir.
Publié le 07/10/2025
Clotilde Leguil vous présente son ouvrage "La déprise : essai sur les ressorts intimes de la désobéissance" aux éditions Seuil.
Clotilde Leguil approfondit ici sa réflexion sur le consentement, une notion qu'elle avait déjà abordée sous l'angle du forçage dans un précédent ouvrage. Cette fois, elle se concentre sur les « bonnes rencontres » amoureuses pour définir le consentement comme une « déprise de soi » — une acceptation de s'ouvrir à l'autre et à la contingence de l'événement. Le terme de déprise est central, car il a un double sens : il désigne à la fois le fait de se laisser emporter par un événement heureux et celui de se dégager d'une emprise.

Il s'agit pour l'autrice de proposer une définition du consentement qui dépasse son cadre juridique ou contractuel pour s'intéresser à ses ressorts les plus intimes. Pour explorer ces thématiques, Clotilde Leguil s'appuie sur des figures littéraires, notamment celles des libertins. Elle propose une relecture audacieuse de Don Juan et du Valmont des "Liaisons dangereuses", en les interrogeant non pas sur leur désobéissance affichée à la morale, mais sur leur obéissance cachée à leur propre pulsion de jouissance. L'autrice y voit une incapacité à consentir à un véritable événement amoureux, préférant s'enfermer dans un programme de jouissance préétabli. Cette analyse permet de questionner la nature du désir. Le livre fait dialoguer deux penseurs majeurs du XXe siècle : Albert Camus et Jacques Lacan.

Clotilde Leguil explore le lien entre la révolte et la désobéissance, en s'interrogeant sur les dangers du nihilisme. Elle propose une hypothèse fascinante : Lacan, dans sa formule « ne pas céder sur son désir », répondrait à Camus en montrant que la véritable insurrection est celle qui ne trahit pas le désir. L'éthique, pour elle, ne consiste pas à laisser libre cours à ses pulsions, mais à s'affirmer face à ce qui, en soi, peut relever d'une pulsion de mort. Le livre se termine par une relecture du conte de Barbe Bleue, qu'elle présente comme un éloge de la désobéissance. L'autrice interprète l'acte de l'héroïne qui désobéit à son mari en ouvrant la chambre interdite comme un désir de savoir. En affrontant l'effroi que suscite en elle l'autorité de Barbe Bleue, elle s'affranchit et ne cède pas sur son propre désir de vérité.
Bibliographie