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Emmanuel Hondré - Sebastião Salgado "La Mer"

Quand la musique de Debussy rencontre l'œil du photographe : l'urgence planétaire sublimée par l'art.
Publié le 03/11/2025
A l'occasion du concert dédié à la mémoire du photographe Sebastião Salgado qui sera donné à l'Auditorium de Bordeaux les 30 et 31 octobre 2025, rencontre avec Emmanuel Hondré, directeur général de l'Opéra national de Bordeaux.
Emmanuel Hondré, directeur général de l'Opéra national de Bordeaux, partage sa vision du nouveau chapitre de la collaboration entre l'Opéra et le photographe Sebastião Salgado. Après le succès de l'exposition Amazonie qui avait donné lieu à un concert, ce nouveau projet s'articule autour de l'urgence planétaire et de l'élément central qu'est l'eau.

Ce concert inédit, donné les 30 et 31 octobre 2025, met en lumière le triptyque symphonique La Mer de Claude Debussy, une œuvre suggestive du début du XXe siècle. Les trois mouvements musicaux correspondent à trois chapitres du travail de Sebastião Salgado, projetés pour la première fois sur écran géant au-dessus de l'orchestre :
La mer des hommes (travail, pêche, navigation).
La mer du monde animal (le défi de la représentation du milieu aquatique).
Les éléments abstraits (glace, pluie, vagues, rochers sculptés).

Emmanuel Hondré se dit stupéfait par la manière dont Sebastião Salgado s'inspire de la musique pour donner un nouveau souffle à ses photos, créant un lyrisme qui peut être jugé trop « théâtral » par certains, mais qui, selon lui, n'est pas antinomique avec la naturalité du regard. Il trouve dans la photo de Sebastião Salgado une immatérialité et une puissance d'abstraction, proche de la musique, qui lui permet de montrer la nature qu'il ne savait pas voir.

L'invitation du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus, dont Emmanuel Hondré salue la juvénilité et l'engagement constant (notamment en amenant la musique hors des salles de concert depuis les années 80), fait écho à la quête inlassable de Sebastião Salgado pour témoigner du monde.

L'enjeu technique de cette collaboration est de maintenir un équilibre où la musique n'est pas un simple accompagnement de la photo. Ce système d'interactivité totale est assuré par un système de tops qui permet au chef d'orchestre de garder sa liberté d'interprétation (ralentir, accélérer) tout en assurant la connexion ou la déconnexion avec la projection.
Le tout fait sens à Bordeaux, ville constamment modelée par le flux de l'eau et confrontée au déséquilibre environnemental (incendies, érosion), un questionnement que les musiciens portent également, notamment concernant l'utilisation des bois précieux pour leurs instruments.