Enki Bilal - Bug, Vol. 4

Le Tome 4 de Bug marque une rupture métaphysique dans le récit post-effondrement numérique de 2040. Enki Bilal travaille du point final vers l'avant, construisant le "voyage" de Cameron Hob de manière organique, sans connaître les détails à l'avance.

Après avoir expulsé le bug, Cameron est possédé par une entité maléfique, amorçant un duel intérieur symbolisé par les couleurs rouge et bleu. Le récit délaisse la course-poursuite pour une introspection sur le Bien et le Mal.

L'action est ancrée sur l'île de Lampedusa, ce qui confère une résonance humaine et géopolitique à l'intrigue, notamment en évoquant le drame des migrants et l'histoire de filiation entre Cameron et sa fille. Le bug rejeté est avalé par une murène bleue : une inversion qui nécessitera un "vaccin" pour faire triompher le bien, thème influencé par l'actualité post-Covid.

Enki Bilal exprime ses inquiétudes sur la prolifération de l'Intelligence Artificielle (IA), qui fait son entrée dans le récit comme une arme détournée par le mal pour la bataille finale. Il craint que l'IA n'élargisse le fossé mondial entre les élites et la masse, et insiste sur la menace qu'elle représente pour la mémoire vivante.

L'auteur rappelle que la BD est le lieu de sa liberté absolue, lui permettant une approche picturale et artisanale, où il sculpte ses personnages et l'histoire simultanément. Il conclut en annonçant que le tome 5, déjà en cours d'écriture, sera hybride et s'achèvera sur une note lumineuse.