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Frédéric Corbion & Cyrille Latour (LesAssociés) - Six cents degrés

"600°" : Quand la température du sol raconte l'histoire cachée des incendies de 2022 et la résilience d'un territoire.
Publié le 15/07/2025
A l'occasion d'une projection du film-photographique sur les incendies qui ont ravagé la Gironde en 2022, rencontre avec Frédéric Corbion & Cyrille Latour du collectif LesAssociés) autour de l'ouvrage "Six cents degrés" aux éditions Corps 14. Entretien avec Christophe Lucet. Photographes du collectif : Alban Dejong, Alexandre Dupeyron, Elie Monferier, Olivier Panier des Touches, Michael Parpet et Joël Peyrou.
Le collectif Les Associés, fort de son expérience dans des projets au long cours comme "D'ici" sur la Nouvelle-AAquitaine ou "Sauver les corps" après la Covid, a choisi une approche singulière pour aborder les incendies de 2022. Loin de l'esthétisation spectaculaire des flammes, le film, le livre et les expositions se concentrent sur l'après, les traces, l'ombre portée de la catastrophe. Cette démarche, à la croisée de l'art et des sciences humaines, s'est construite sur une enquête de terrain de deux ans et demi, jalonnée de résidences collectives à Landiras, Hostens et La Teste.

Le cœur du projet réside dans l'écoute et le regard. Les nombreux entretiens menés avec les habitants et les experts, souvent anonymisés pour privilégier la liberté de parole et l'égalité des voix, révèlent les multiples facettes du drame. Qu'il s'agisse de la persistance de la chaleur dans le sol, des conséquences incalculables sur les paysages et les vies, ou des enjeux socio-économiques liés à la forêt, le collectif tisse une mosaïque de témoignages. Le travail sonore de Lucie H., intégrant bruits industriels des scieries et sons délicats de la forêt, participe à cette immersion sensorielle, soulignant la transformation radicale du milieu.

Le projet met en lumière la diversité des approches photographiques des six membres du collectif. Chacun, avec sa technique et sa sensibilité (gomme bichromatée, pellicules périmées, noir et blanc, couleur, macro), contribue à une œuvre composite. Le défi du montage a été de faire dialoguer ces images disparates pour créer une unité sans jamais noyer la singularité de chaque artiste. Le collectif assume un certain usage de la "carte postale" photographique, non pas par cliché, mais pour créer un pont émotionnel avec le public, le ramenant à des souvenirs et des sensations.

"600°" est aussi une réflexion politique sur notre rapport au territoire et à l'environnement. La question de la forêt, de sa propriété, de son exploitation et de sa résilience, est abordée en profondeur. Le film interroge nos modes de vie et la nécessité de s'adapter à une "crise permanente". Il pointe du doigt les pratiques de gestion forestière et propose des alternatives comme la "forêt mosaïque", un concept qui se veut une réponse à la fois écologique et économique. Les débats soulevés par le projet, tels que la coupe massive d'arbres pour le papier toilette ou l'impact des infrastructures comme la LGV sur des écosystèmes millénaires, appellent à une prise de conscience collective et à un engagement citoyen.

Bibliographie