Chargement...
Chargement...

Gabriel Zucman - Les milliardaires ne paient pas d’impôt sur le revenu et nous allons y mettre fin

Les milliardaires ne paient pas d’impôt sur le revenu : un diagnostic implacable et une solution choc proposée par Gabriel Zucman.
Publié le 20/11/2025
Dans le cadre de "L'économie c'est politique", en partenariat avec la faculté d'économie de Bordeaux, Gabriel Zucman vous présente son ouvrage "Les milliardaires ne paient pas d’impôt sur le revenu et nous allons y mettre fin" aux éditions Seuil. Entretien avec Eric Berr.
Gabriel Zucman s'est intéressé à la fiscalité, qu'il définit comme une question démocratique essentielle. Il met en lumière une réalité : alors que les 10% des plus riches (cadres supérieurs) paient une part significative de l'impôt sur le revenu (IR), les ultra-riches, définis par un patrimoine supérieur à 100 millions d'euros, échappent largement à cet impôt.

Leur faible imposition personnelle s'explique par la structure de leurs revenus, qui ne sont pas des salaires mais principalement des dividendes et des bénéfices d'entreprises. Ils utilisent des sociétés holding pour interposer un écran à l'impôt : les dividendes perçus par ces holdings ne sont pas soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30% qui s'applique aux revenus du capital des autres contribuables.

En conséquence, le taux de prélèvement obligatoire total (incluant IR, TVA, impôt sur les sociétés) des milliardaires est estimé à environ 25% de leur revenu, contre environ 50% pour le Français moyen, bafouant le principe d'égalité devant l'impôt.

L'Impôt Plancher sur la Fortune Pour rétablir la justice fiscale, Gabriel Zucman propose un impôt plancher ciblant les foyers fiscaux au patrimoine supérieur à 100 millions d’euros. Ce minimum incompressible serait exprimé en pour cent du patrimoine net (richesse nette), car le revenu fiscal des ultra-riches est facilement manipulable.

La proposition se base sur un taux de 2% du patrimoine. Si l'ultra-riche paie déjà en impôts personnels l'équivalent de 2% de sa fortune, il ne paie rien de plus. Ce mécanisme vise à contourner l'optimisation fiscale, quelle que soit sa forme.

Réponse aux Oppositions Face aux critiques, notamment celle concernant le manque de liquidité des fortunes (titres d'entreprises), l'économiste rappelle que le rendement moyen de ces patrimoines est de 6%, largement supérieur au seuil de 2%. Pour les cas limites, comme les entreprises très valorisées mais non profitables (licornes), il propose des solutions déjà utilisées pour l'impôt sur les successions : étalement des paiements ou paiement en nature (actions). Ces actions pourraient être détenues par un fonds souverain ou revendues en France, sans nuire à la productivité nationale.

Il récuse également l'idée selon laquelle une fiscalité accrue sur les plus hauts revenus nuirait à la croissance. L'histoire économique montre que l'augmentation de la fiscalité a coïncidé avec une explosion de l'innovation, l'argent public finançant l'éducation et les infrastructures, principaux moteurs de la prospérité.

L'auteur conclut que la virulence des débats s'inscrit dans un combat historique pour élargir le champ de la démocratie en soumettant l'accumulation de l'extrême richesse à la solidarité nationale.
Bibliographie