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Hélène Zimmer les dernières écritures

Écoanxiété au lycée : quand le procès d'une prof interroge la fin du monde.
Publié le 17/11/2025
À l'occasion de l'édition 2025 du festival "Les Correspondances de Manosque", Hélène Zimmer vous présente son ouvrage "Les dernières écritures" aux éditions POL. Rentrée littéraire automne 2025.
"Les dernières écritures" d'Hélène Zimmer est un roman de procès qui s'articule autour d'un drame survenu en milieu scolaire. L'intrigue met en scène Cassandre Mercier, une professeure de français qui, après une rupture personnelle, plonge dans un livre scientifique fictif intitulé "Le Bilan". Cet ouvrage, recensant les dernières espèces vivantes de la Terre, agit comme un miroir à son désespoir, l'amenant à l'étudier en classe.

Cette étude a des conséquences dramatiques : des élèves développent des symptômes d'écoanxiété, culminant avec la tentative de suicide de l'une d'entre elles, Léa Bergeron Philippi. L'enseignante est alors poursuivie en justice par les parents pour harcèlement scolaire.

Le roman se déploie à travers le procès, adoptant le point de vue de quatre personnages principaux, dont l'histoire et les idéaux s'affrontent au tribunal :

Cassandre Mercier : L'enseignante qui voit dans "Le Bilan", un texte chiffré et technique, un lien avec l'origine même de l'écriture (inventée en Mésopotamie pour recenser les ressources vitales). Pour elle, "Le Bilan" est l'aboutissement du destin de l'écriture. Sa démarche, qui semble désespérée, porte pourtant l'idée qu'en "fermant la page de l'écriture", l'humanité pourrait renouveler son imaginaire et son histoire.

L'avocate de Cassandre : Une carriériste acharnée, brutale au travail, qui voit cette affaire comme un combat professionnel, révélant ses propres conflits intérieurs non résolus.

L'avocat des parents : Le défenseur d'une vision conservatrice de l'école et de l'éducation, qui utilise l'affaire pour prôner un retour à un modèle strict.

Bertrand Rougier : L'un des auteurs scientifiques du fictif "Bilan", qui a lui-même totalement décompensé après avoir consigné les données sur la dévastation écologique et la perte de biodiversité.

Le roman utilise l'enceinte du tribunal pour concentrer le conflit et mettre en lumière la confrontation entre une menace existentielle globale (la fin du monde écologique) et les désirs individuels des personnages.

L'autrice ancre l'action dans deux édifices démocratiques centraux : l'École et la Justice. Elle les soumet à la pression de la crise écologique pour évaluer jusqu'où ces structures peuvent être ébranlées par la notion de "fin du monde". Le texte maintient un décalage comique entre la menace qui guette et les propres rêves et désirs des individus, faisant du roman non pas un livre "plombant" mais une observation de la façon dont les individus continuent d'avancer malgré le "nuage de fin du monde". La narration est structurée en trois parties : journal intime (brut), suivi du quotidien des personnages (distance), et enfin, le procès (conflit concentré).
Bibliographie