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Isabela Figueiredo - Un chien au milieu du chemin

Un univers narratif brut, teinté d'humour noir et de réflexions profondes sur l'humanité, l'animalité et les systèmes de pouvoir.
Publié le 26/11/2025
À l'occasion de l'édition 2025 du festival "Les Correspondances de Manosque", Isabela Figueiredo vous présente son ouvrage "Un chien au milieu du chemin" aux éditions Chandeigne. Rentrée littéraire automne 2025.
Cette rencontre est l'occasion d'explorer l'univers singulier d'Isabela Figueiredo autour de son livre, "Un chien au milieu du chemin". L'autrice y déploie une galerie de personnages forts et complexes, à l'image de Joseph Viriato, figure centrale qui cherche à capter les "bonnes ondes" tout en vivant en marge du système.

L'échange met en lumière la manière dont Isabela Figueiredo tisse des liens entre la marginalité et une forme de spiritualité non conventionnelle, interrogeant l'idée de "vivre sans travailler". La figure de Joseph Viriato est comparée à des archétypes iconoclastes, comme un "Christ torturé" du caillou, mais dont la singularité est d'être un "Christ par Omnino Salvat" — une idée amusante et décalée qui confère une autre dimension au personnage. Cette approche délibérément iconoclaste s'étend à d'autres figures de l'ouvrage, comme Beatriz, la mère du narrateur, dont la quête pour accumuler de l'énergie et des biens renvoie à des figures comme Vivian Maier.

L'autrice insiste sur l'importance de l'antispécisme dans son œuvre. Elle révèle que le "nucléus" de son livre est fondamentalement antispéciste, illustrant ce propos par des scènes saisissantes, comme celle du crocodile. Cette thématique n'est pas seulement un décor, mais un enjeu éthique majeur qui sous-tend la critique du "système" et des figures de pouvoir. Le travail d'Isabela Figueiredo se caractérise par une exploration des nuances de l'existence et une dénonciation des structures de domination, qu'elles soient sociales, politiques ou spécistes.

Le ton de l'ouvrage est également abordé : un mélange de trash, d'humour noir et de dialogues bruts qui confère à la narration une beauté et une sincérité particulières. Loin de s'inscrire dans une pureté stylistique, l'autrice embrasse un langage de la rue, un "langue de vida" (langue de la vie), pour dépeindre des existences qui échappent aux normes. Même les personnages qui incarnent le système sont considérés avec une forme d'intérêt, l'autrice s'attachant à explorer les "nuances" de leur cosmos.

En définitive, l'entretien souligne la richesse d'un roman qui utilise l'absurde et la marginalité pour offrir une réflexion profonde sur la condition humaine, le besoin d'authenticité et la critique radicale des conventions sociales et éditoriales. Il s'agit d'un livre qui refuse les classifications faciles, privilégiant l'engagement, la complexité morale et un regard sans concession sur le monde.
Bibliographie