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Josephine Quinn - Et le monde créa l'Occident : une nouvelle histoire des mondes anciens

Déconstruire le mythe de l'Occident : les liens cachés des mondes anciens.
Publié le 03/12/2025
À l'occasion de l'édition 2025 des "Rendez-vous de l'histoire" qui se sont déroulés à Blois, Josephine Quinn vous présente son ouvrage "Et le monde créa l'Occident : une nouvelle histoire des mondes anciens" aux éditions Seuil.
Le livre de Josephine Quinn est une exploration de la manière dont les concepts modernes de "l'Occident" et de "civilisation" sont des constructions intellectuelles récentes qui masquent l'histoire profonde des contacts et des échanges.

L'autrice commence par définir l'Occident selon la conception contemporaine : les nations d'Europe occidentale et leurs anciennes colonies. Elle retrace ensuite l'évolution du terme "civilisation" : apparu au singulier en français au XVIIIe siècle, il correspondait initialement à l'idéal des Lumières du progrès humain, accessible à tous par l'éducation. La rupture survient au XIXe siècle avec l'apparition du mot au pluriel ("civilisations"), donnant naissance à la pensée civilisationnelle.

Cette pensée postule l'existence de groupes culturels délimités se développant largement de manière isolée. Ce modèle oblige à rechercher des origines internes et "suffisamment européennes" pour la civilisation occidentale, excluant des régions comme l'Asie occidentale ou l'Égypte au profit de la Grèce et de Rome. L'autrice vise à démontrer les "dégâts" causés par cette idée, qui nie une longue histoire de connexions.

Elle choisit de clore son récit en 1500 EC (Ère Commune). Si cette période (Renaissance, Grandes Découvertes) est souvent vue comme un moment de mondialisation et de contact, Josephine Quinn y voit un moment de distanciation. Elle rappelle que l'expansion européenne n'aurait pas été possible sans les technologies et les connaissances (compas, poudre à canon) issues des mondes arabe, chinois et mongol.

À partir de 1500, les Européens commencent à se séparer des autres peuples, avec des expulsions massives de Juifs et de Musulmans. C'est l'émergence d'une idée de la chrétienté comme un vide culturel délimité et strictement lié à l'Europe, marquant les prémices de la notion moderne de civilisation.

Josephine Quinn alerte sur les dangers contemporains de l'idée de civilisation, qui est utilisée comme une arme politique pour remplacer l'idée moderne de la nation citoyenne par une notion culturelle et dictatoriale (exemples de Vladimir Poutine en Russie ou Narendra Modi en Inde, ou le conflit à Gaza).

L'un des points les plus frappants est le contraste avec l'Antiquité : les auteurs grecs et romains étaient, au contraire, très ouverts à l'idée que leur passé culturel et leurs liens, même mythiques, se trouvaient en Égypte, en Inde et ailleurs. Cette envie de lier les peuples contraste fortement avec le modèle civilisationnel moderne, qui favorise la séparation. L'autrice conclut en partageant l'impact de son travail sur ses propres cours à Cambridge, en intégrant des comparaisons entre l'Empire romain, l'Empire Han et les empires de l'Inde ancienne.
Bibliographie