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Julie Verlaine - Les héritières de l'art abstrait

Découvrez le rôle essentiel et souvent méconnu des veuves d'artistes dans l'histoire de l'art abstrait.
Publié le 24/11/2025
Julie Verlaine vous présente son ouvrage "Les héritières de l'art abstrait : Sonia Delaunay, Nina Kandinsky, Nelly van Doesburg et les autres" aux éditions Payot.
Dans son essai, Julie Verlaine explore la période cruciale qui s'étend de la mort d'un artiste abstrait jusqu'à l'entrée de son œuvre au musée. Cette transition, pouvant durer plusieurs décennies, met en lumière le rôle central des veuves d'artistes, des actrices jusqu'ici largement invisibilisées par l'histoire de l'art traditionnelle.

L'autrice constate que, malgré leur position souvent reléguée à l'ombre de leur compagnon, ces femmes (comme Sonia Delaunay, Nina Kandinsky ou Nelly van Doesburg) menaient un travail d'accompagnement important du vivant de l'artiste, et surtout, détenaient un pouvoir d'action déterminant après son décès. Elles deviennent alors les architectes de la reconnaissance posthume de l'œuvre.

Julie Verlaine révèle comment ces héritières, bien que se connaissant et étant parfois amies, se retrouvent concurrentes dans la construction du récit de l'art abstrait. Leur objectif commun était de prouver que leur mari était l'unique inventeur de l'abstraction, un statut que ne pouvait détenir qu'un seul artiste. L'entretien illustre ce conflit par l'exemple de l'affrontement entre Sonia Delaunay et Nina Kandinsky, qui se sont violemment opposées, notamment par correspondance et lors de manifestations publiques, sur la datation et le lieu de naissance de la première toile abstraite.

Adopter le point de vue de ces veuves permet de dégenrer l'histoire de l'art des années 1940 à 1970, traditionnellement perçue comme très masculine. L'autrice montre que ce monde était en réalité fortement mixte, et que l'effacement des femmes est un phénomène postérieur aux événements. En intégrant ces actrices, l'histoire de l'art s'enrichit d'une perspective polyphonique, élargissant la typologie des actions (marchandes, critiques, donatrices) et permettant d'écrire, non pas une histoire des femmes, mais une histoire mixte de l'art.
Bibliographie