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Laurent Mauvignier - La maison vide

"Le fantôme est une présence. Il ne suffit pas de le voir, il faut l'entendre."
Publié le 15/09/2025
Laurent Mauvignier vous présente son ouvrage "La maison vide" aux éditions de Minuit. Entretien avec Sylvie Hazebroucq. Rentrée littéraire automne 2025.
Cet échange nous plonge au cœur des thèmes chers à l’écrivain : le rapport aux disparus, la tendresse, et la force de l'écriture comme acte de mémoire.

Dès le début de l'entretien, l'auteur évoque son lien complexe avec les morts à travers un rêve bouleversant où son ami d'enfance décédé lui dit : "C'est pas moi qui viens te voir, c'est toi qui viens." Une phrase qui résume le moteur de son travail, où le vivant doit maintenir un lien avec ceux qui ne sont plus. C'est de ce rapport à l'absence, fait de tendresse et de douleur, que naît l'écriture de Laurent Mauvignier, une écriture qu'il qualifie lui-même de "pleine d'amour" et de désir de comprendre.

L'auteur partage son parcours de romancier, expliquant que le déclic n'est survenu que lorsqu'il a cessé de vouloir "jouer à l'écrivain" et a accepté la complexité de ses sentiments envers les autres. C'est en renonçant à un regard surplombant qu'il a pu écrire ses premières pages, animées par une volonté de donner une seconde chance à ses personnages. Il cherche à dépasser les jugements pour dévoiler les contradictions et la richesse de chaque être.

Dans "La Maison vide", l'auteur explore une généalogie familiale sur quatre générations, cherchant à comprendre le destin de sa grand-mère maternelle, dont le visage a été effacé des photos. Il s’interroge sur les mystères et les silences familiaux. Il nous révèle que, contrairement à ses autres ouvrages, l'écriture de ce roman fut plus une "récompense" qu'une lutte. Les histoires lui sont apparues avec une "évidence", comme si le livre l'avait accueilli, lui offrant une conversation intime et nécessaire avec son passé.

Il aborde également sa vision de l’écriture. Pour lui, il faut "avoir des choses à faire et non pas à dire". Le roman n'est pas un prétexte pour aborder des sujets à la mode, mais un travail d'orfèvre sur la matière humaine. C'est un exercice de vie qui consiste à faire "bouger un corps dans un espace". C’est aussi une quête de la "vérité" plus que de l'exactitude, où l'imagination et l'intuition prévalent sur les faits. Il évoque le travail sur la langue, une écriture dense et sinueuse, qui refuse le point final pour ne pas "couper la circulation du sang" et épouser la complexité du monde.

Finalement, Laurent Mauvignier partage une réflexion profonde sur l'histoire, la grande et la petite, qui façonne les destins. Il insiste sur la spoliation des corps dans l'histoire du XXe siècle, que ce soit par le patriarcat ou par les guerres, un thème qui a résonné d'autant plus en lui après une épreuve personnelle. Une conversation passionnante qui nous éclaire sur la genèse d'une œuvre puissante et sur la vision d'un écrivain qui cherche à faire du roman un lieu de vie et d'humanité.
Bibliographie
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