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Maria Pourchet - Tressaillir

La peur comme moteur : une biche en quête d'elle-même.
Publié le 14/10/2025
À l'occasion de l'édition 2025 du festival "Le Livre sur la Place" à Nancy, Maria Pourchet vous présente son ouvrage "Tressaillir" aux éditions Stock, paru le 20 août 2025. Rentrée littéraire automne 2025.
Maria Pourchet dresse le portrait de son héroïne, Michel, une femme qui décide de partir. Ce départ, bien que simple en apparence, est un acte audacieux et inédit dans sa lignée familiale. Au lieu de l'émancipation attendue, Michel ressent d'abord un effondrement total. Loin de se sentir libre, elle se sent seule, prise dans le regard des autres et dans sa propre peur, surtout depuis qu'elle ne voit plus sa fille tous les jours.

La peur est le fil conducteur de sa personnalité. L'autrice décrit Michel comme quelqu'un qui a toujours vécu dans un état d'alerte permanent, un état que l'on qualifiait de "biche" lorsqu'elle était plus jeune. Cette peur est désormais invalidante : peur de la solitude, de l'échec, du retour en arrière, de l'éloignement de son enfant, mais aussi une peur plus honteuse, celle de ne pas pouvoir s'en sortir sans un homme. Cette peur l'amène à chercher une solution chimique, un recours à un traitement qui, pour elle, est un aveu de faiblesse.

Maria Pourchet fait de la biche l'animal totem de son roman. L'animal incarne les deux fonctions de la peur : une fonction vitale, motrice, qui permet de fuir et de survivre, mais aussi une fonction paralysante, qui peut conduire à l'effondrement. L'héroïne est à la croisée des chemins et doit choisir si elle utilise sa peur ou si elle la laisse la consumer. La romancière utilise l'expression galvaudée "refaire sa vie" pour mieux en dénoncer la cuisante réalité : il faut tout reconstruire, de la décoration du foyer aux relations, un immense travail qui peut parfois briser les gens.

Pour soigner sa peur, Michel accepte de participer à un atelier d'écriture qui la ramène vers les lieux de son enfance dans les Vosges. Ce voyage rétrospectif est une confrontation avec des spectres oubliés, des souvenirs enfouis, des histoires tragiques comme celle d'une voisine qui s'est pendue. Elle pense un moment que sa terreur du vent est liée à la tempête de 1984, mais l'origine de sa peur est plus profonde encore. En butant sur un "fait d'hiver" à la portée historique, elle comprend enfin l'origine de ses maux.
Bibliographie