Nicolas Gaudemet nous emmène au cœur d’une Corée du Nord rarement explorée en fiction, il nous ouvre les portes d’un pays qui l’a profondément marqué. C’est la vision de bouches muettes et de visages fermés, celle d’un peuple contraint au silence, qui a inspiré ce roman. L'auteur a souhaité donner une voix à ces invisibles, pour offrir une perspective singulière sur leur vie quotidienne et leur vision du monde extérieur.

Pour construire son récit, Nicolas Gaudemet s’est appuyé sur une solide documentation, à la fois personnelle et littéraire. Ses voyages en Corée du Nord, encadrés par une surveillance constante, lui ont permis de capter l'atmosphère oppressante du régime totalitaire. Il a complété ces observations par l'étude de récits de transfuges, de documentaires et de films de propagande nord-coréens, mais aussi par des séries sud-coréennes et des images satellites. Ce travail méticuleux a donné naissance à une histoire d'amour universelle, celle de Yungi et Miran, des adolescents dont le coup de foudre est immédiatement contrarié par leurs statuts sociaux-politiques diamétralement opposés.

Le roman suit une structure en cinq actes, fidèle à la tragédie shakespearienne. L'auteur y explore les dynamiques familiales et sociales propres à un régime où chaque individu est un maillon d'une cellule, la famille. Il nous montre comment l'amour de Yungi et Miran, perçu comme un acte subversif, déclenche une série de catastrophes qui dépassent largement les amants, entraînant leurs familles et leurs proches dans leur chute. Plus que la simple histoire de ces deux adolescents, "Nous n'avons rien à envier au reste du monde" est une analyse fine et documentée du fonctionnement d’un système totalitaire vu de l’intérieur, offrant une perspective rarement accessible sur la vie de ceux qui y sont nés.