Régis Jauffret - Maman

L'auteur Régis Jauffret révèle que l'écriture sur sa mère n'aurait pas été possible de son vivant, en raison d'un tabou personnel à parler de son intimité et de sa famille. L'ouvrage "Maman" fait suite à un précédent livre, "Papa", où il avait effleuré le sujet.

L'écriture de "Maman" est lancée de façon inattendue. Initialement, l'auteur tenait un journal pour un projet d'écriture sans réseaux sociaux, mais la mort de sa mère, survenue le 3 janvier, l'a poussé à écrire immédiatement sur elle. Ce cahier, retrouvé des années plus tard, sert de point de départ à son livre.

Le décès de sa mère permet à l'auteur de faire des découvertes post-mortem qui la font "vaciller de son piédestal". Il découvre que sa mère n'était pas la personne "impeccable" qu'il croyait. Deux mystères principaux entourent ce personnage complexe :

La trahison du destin : L'auteur découvre que sa mère lui a fait croire, dès l'âge de 7 ans, que son destin serait malheureux en amour, une affirmation qu'elle a falsifiée à partir d'un horoscope qui prédisait en réalité une vie sentimentale heureuse. L'auteur ressent cette manipulation comme une trahison profonde ayant pu influencer toute sa vie.

L'énigme religieuse : Le mystère demeure sur la certitude de sa mère, catholique pratiquante, d'aller en enfer à sa mort.

Face à cette découverte d'une malveillance déguisée, l'auteur ne peut envisager cette trahison que comme une dimension de la folie de sa mère, seule manière de préserver l'idée qu'elle était malgré tout bienveillante. Il refuse de se laisser submerger par la tristesse ou la "souillure" de ne pas aimer son enfance ou sa mère. L'auteur insiste sur le besoin de pardonner à ses parents comme on pardonne à un enfant.

L'écriture de ce livre a été vécue comme une libération absolue et un acte de sincérité ("j'écris dans ce livre comme je suis"). Cette liberté de langage a provoqué un sentiment d'euphorie chez l'auteur, notamment lors de la rédaction de la fin de l'ouvrage. Il conclut par la volonté d'avoir une vision lumineuse et heureuse de son passé, à l'image de la lumière qu'il voit en sa petite-fille, où sa mère survit.