Le roman "Je rouille" de Robin Watine plonge au cœur de la dernière nuit d'été de Noé, un adolescent de 17 ans qui vit et travaille dans le restaurant de son père au sein de sa ville natale, une station balnéaire du sud de la France. Chaque saison estivale, Noé retrouve Lena, une jeune Parisienne en vacances, avec qui il entretient une histoire récurrente et éphémère.
Le récit se déroule alors que Noé est tiraillé entre deux forces contraires. D'un côté, ses sentiments pour Lena, une relation qu'il aimerait rendre plus durable qu'un simple "amour de vacances", mais qu'elle maintient à distance, son existence se jouant à Paris. Cette disparité de perception génère chez lui une frustration et un sentiment d'éphémère et d'aigreur. De l'autre côté, Noé se laisse passivement entraîner dans un mauvais coup orchestré par ses amis.
Le leader de cette bande est Lionel, une figure qui incarne le mieux le déterminisme social : il a peu d'options pour l'avenir et éprouve une forte défiance de classe envers ceux qu'il nomme les "bourges", notamment les touristes qui ne font que passer. L'intrigue bascule lorsque ce mauvais coup menace de trahir la confiance de Lena, mêlant les rapports émotionnels à cette lutte des classes latente. Le titre, "Je rouille", renvoie à un mot lâché par Lena sur la plage.
L'idée de la rouille évoque l'immobilité et l'altération par un environnement contraignant. Noé est fondamentalement un personnage passif, tenu par son entourage et son milieu. La formule de Lena agit comme une révélation, un mot posé sur un besoin profond : celui de trouver une forme d'émancipation et de s'extraire de son milieu d'origine. Le roman explore ainsi les thèmes de l'identité, de l'enfermement social et de la quête de liberté à travers le prisme d'une jeunesse en transition.