Serge Lehman nous fait découvrir l'âge d'or oublié de la science-fiction française, une période allant de 1918 à 1935, qu'il documente dans ses deux ouvrages, "Maîtres du vertige et Scribes des miracles". Il retrace l'histoire de ce genre en France, de la création des « voyages imaginaires » du XVIIIe siècle, qui inspireront les romans de Jules Verne, jusqu'à l'influence de H.G. Wells au début du XXe siècle.
Dans le premier volume, "Maîtres du vertige", Serge Lehman a choisi de mettre en lumière des textes surprenants et peu connus, qui s'écartent des classiques verniens. On y découvre des œuvres d'une grande diversité, comme un récit de René Dunan, proche des surréalistes, qui met en scène une sorcière mondaine interagissant avec une créature dimensionnelle. Un autre texte de J.H. Rosny aîné, l'inventeur du roman préhistorique, est le premier à utiliser le mot « astronautique » et à raconter l'exploration de Mars. Le livre propose également un roman sans personnage de Jack Speer, qui décrit avec un grand sens de l'apocalypse visuelle ce qui se passerait si la Terre se brisait en deux.
Le second volume, "Scribes des miracles", se concentre sur des œuvres plus emblématiques de cette période, souvent connues des amateurs mais méconnues du grand public. L'auteur y réédite des classiques, tel que Le messager de la planète de José Moselli, qui anticipe de 50 ans le scénario d'un film comme The Thing. On y trouve aussi le Psaume de Maillance de Jean Ray, un texte d'une poésie et d'une étrangeté rares, racontant comment des marins découvrent un nouveau monde au fond de l'océan. Serge Lehman met également en lumière La grande panne de Théo Varlet, qui imagine l'invasion de la Terre par une poussière extraterrestre qui se nourrit d'électricité, et dont le seul moyen de se débarrasser est de tout couper.
À travers ses recherches, Serge Lehman dénonce le mythe selon lequel la science-fiction serait une invention purement américaine. Il montre que la France a eu ses propres pionniers, des savants et des écrivains visionnaires, comme Robert Esnault-Pelterie et J.H. Rosny aîné, qui ont inventé des mots et des concepts (tel qu'« astronautique ») qui sont aujourd'hui universels. Pour l'auteur, cette perte de mémoire collective est le symbole d'un oubli tragique de l'alliance entre la science et la littérature dans la culture française, une période héroïque qui mérite d'être redécouverte et revendiquée avec fierté.
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