Sorj Chalandon nous livre un récit profondément personnel dans son livre "Le Livre de Kells". Il revient sur son propre passé, notamment sa fugue à l'âge de 16 ans, un événement qui a marqué sa vie. Le roman est une exploration de ce qui se passe après la fuite, quand un adolescent se retrouve seul dans la rue, à devoir survivre. L'auteur y raconte les mois d'errance, les nuits dans les caves, les repas dans les poubelles, et la violence omniprésente qui l'a forgé. C'est à cette époque qu'il rencontre l'extrême-gauche, un mouvement qui lui tend la main et l'éloigne de son milieu familial, raciste et antisémite. C'est auprès de ces personnes qu'il découvre la culture, le cinéma, la peinture, la littérature, des univers qu'il ne connaissait pas.

Le titre du roman, "Le Livre de Kells", est inspiré d'une carte postale que l'auteur avait sur lui, un talisman qui le protégeait. C'est aussi un nom qu'il s'est choisi, un nom d'emprunt qu'il gardera jusqu'à son entrée à Libération. Sorj Chalandon nous explique pourquoi il a choisi d'écrire cette histoire sous la forme d'un roman, un genre qui lui permet de se protéger, tout en sachant que le lecteur est parfaitement conscient de la part autobiographique. À travers son personnage de Kells, il raconte également l'histoire d'une génération, celle des années 70, marquée par la violence politique et idéologique, mais aussi par un idéal de justice. Il évoque notamment l'importance de la lutte contre le négationnisme et l'antisémitisme, une cause qui réunissait à l'époque des militants de différentes obédiences.