Stéphanie Chaillou - Revenir à Marimbault

Le roman "Revenir à Marimbault" s'ouvre sur une situation énigmatique : Jean-Noël Lutiel, urbaniste parisien, revient à Bazas, sa ville d'enfance, après trente ans d'absence. Un appel de son frère lui annonçant la maladie de leur père l'a précipité dans ce voyage. Jean-Noël, qui a fui un drame de jeunesse, est confronté aux fantômes de son passé dans une chambre d’hôtel, lieu de son insomnie. C’est la seule situation que l'autrice a visualisée au début de l’écriture.

La nature est omniprésente dans ce récit. Elle se manifeste dans les paysages des Landes et la forêt environnante, dans lesquels l'action se déroule, mais elle est aussi un reflet des émotions du personnage principal. La canicule qui sévit durant les six jours de son séjour devient une menace latente, à l'image des secrets enfouis. Un autre personnage, la Bête, un animal sauvage, agit comme un témoin silencieux du retour de Jean-Noël. Il incarne un élément perturbateur, un intrus qui pourtant ne fait que le constater.

L’autrice révèle que le choix du lieu a été une inspiration fortuite. Une invitation à un mariage à Bazas a été le déclencheur d'un coup de foudre pour la ville, son architecture et son atmosphère minérale. Plutôt que de s'en tenir à une simple impression, elle a voulu en faire la toile de fond de son roman, un terrain de jeu où sa mémoire se confronterait à la fiction. Le titre "Revenir à Marimbault" fait écho à cette démarche. Il renvoie au nom du lieu-dit de la maison familiale, symbolisant le retour physique de Jean-Noël vers ses origines, vers la famille qu’il a quittée, et le cheminement psychologique vers son propre passé.

Ce roman est une exploration intime du deuil, de la réconciliation et du poids des non-dits, le tout dans un décor à la fois familier et menaçant, où la mémoire et la nature se rejoignent pour ne faire qu’un.