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Tribunes de la Presse : Israel/Palestine : Faut-il vraiment désespérer ?

Israël/Palestine : Faut-il vraiment désespérer ?
Publié le 08/12/2025
A l'occasion de l'édition 2025 des Tribunes de la Presse, rencontre avec Elie Barnavi et Gilles Paris autour du débat "Israel/Palestine : Faut-il vraiment désespérer ?". Entretien avec Christophe Lucet.
Lors de cette rencontre, l'historien Elie Barnavi et le journaliste Gilles Paris abordent la crise au Proche-Orient post-7 octobre, posant la question de l'espoir.

Elie Barnavi exprime un profond désespoir tout en rappelant que l'histoire offre des exemples de situations apparemment sans issue qui se sont résolues. Il décrit l'attaque du Hamas comme "apocalyptique" et la riposte militaire israélienne comme une "guerre de vengeance et de massacre," largement motivée par des considérations politiques internes. Il souligne que le cessez-le-feu a été contraint par Donald Trump.

Gilles Paris analyse les causes du 7 octobre, citant l'espoir du Hamas dans le soutien de l'« axe de la résistance » et surtout la radicalisation engendrée par 17 ans de blocus à Gaza. L'objectif était de stopper la normalisation entre Israël et certains États arabes.

Les deux intervenants s'accordent sur le fait que la résolution du conflit israélo-palestinien est essentielle à la stabilité régionale. Elie Barnavi ajoute que la dimension religieuse du conflit, qui considère la terre comme sacrée (pour le Hamas et pour l'extrême droite juive), rend tout règlement politique extrêmement difficile, l'adversaire étant perçu comme le diable à éradiquer.

Elie Barnavi critique la stratégie de Benyamin Netanyaou, qui a favorisé le Hamas pour perpétuer la division palestinienne et justifier l'occupation de la Cisjordanie. Le 7 octobre a cependant remis la question palestinienne à l'ordre du jour, conditionnant désormais toute normalisation avec l'Arabie Saoudite à une perspective d'État palestinien.

La colonisation en Cisjordanie est présentée comme l'obstacle majeur à la paix et à l'unique solution viable : la création de deux États. Gilles Paris souligne que l'échec du développement économique en Cisjordanie, qui devait affaiblir le Hamas, est dû à la poursuite de l'occupation.

Face à une suprématie militaire, Israël est jugé par Elie Barnavi comme étant sans projet politique autre que la colonisation, menaçant la démocratie israélienne elle-même. Les élections anticipées, bien que pouvant aboutir à un gouvernement plus modéré, ne feraient que rétablir un calme institutionnel sans résoudre le conflit.

Le rôle des États-Unis est discuté. Si Donald Trump a imposé le cessez-le-feu, son manque d'attention et de connaissance du dossier rendent sa future action incertaine. Cependant, son égo et l'importance du "fric" pourraient être exploités par les pays du Golfe pour exiger des avancées. Enfin, la reconnaissance de l'État palestinien par la France est jugée moins importante que le travail diplomatique mené avec l'Arabie Saoudite pour élaborer un plan de paix.
Bibliographie