Valérie Zenatti - La surprise : une innocence renouvelée

Dans cet essai, Valérie Zenatti explore la surprise non comme une simple anecdote, mais comme un phénomène existentiel fondamental, le lieu même de la vie et de la création.

L'auteure ouvre son propos par la métaphore de la grenade : un fruit aux multiples pépins (surprises) qui est aussi une arme (menace d'explosion/bouleversement). La surprise n'est pas choisie, mais s'impose, la saisissant au-delà d'elle-même.

L'Être et le Temps : En s'appuyant sur les étymologies du français ("être pris au-delà de soi-même") et de l'hébreu (mot relié à "soudain"), elle établit que la surprise est l'ébranlement de notre perception du temps par l'événement inattendu. Elle est liée à l'étonnement et à l'émerveillement, moteurs de l'apprentissage (Aristote).

Métamorphose et Récit : Toute surprise est une métamorphose intérieure, visible seulement par ses effets, à l'image du Gregor Samsa de Franz Kafka. La naissance est la première et plus grande surprise, un choc psychique dont l'oubli est nécessaire (Winnicott) pour éviter la folie. Cet oubli est compensé par le récit que l'entourage fait de notre arrivée, nourrissant ainsi notre besoin fondamental d'histoires.

Les Adversaires de la Surprise : L'auteure dresse le portrait de ceux qui la refusent : le blasé, figure du refus d'émerveillement, et le complotiste, la forme pathologique de celui qui croit à une explication ultime (souvent maléfique) à tout événement, refusant la sidération face à l'inattendu.

La Surprise au Cœur du Vivant : Accepter la surprise, c'est épouser le mouvement permanent de la vie. Les certitudes peuvent se fracasser brutalement (comme l'expérience du 11 septembre). L'amour (et l'amitié) est la surprise existentielle centrale, un mystère qui relance le cours de la vie et permet de s'excéder soi-même, comme une relance narrative et intérieure.