Un coup de coeur de Mollat
Si l'idée même qu'une puce soit intégrée pour limiter l'action d'une imprimante à 18 000 copies ; ou que des ingénieurs aient dû travailler à réduire la durée de vie d'une ampoule de 2 500 heures à 1 000 heures ; ou encore que des matériaux plus fragiles soient utilisés afin que vos branches de lunettes se cassent au bout de deux ans vous interpelle, ce livre vous éclairera.
L'économiste de la décroissance revient sur l'apparition de cette obsolescence programmée qui vit le jour aux États-Unis dans les années 20. Les bas nylon, les ampoules et par la suite l'automobile furent les trois premiers marchés touchés par ce nouveau système, qui selon la loi capitaliste, permet de sauvegarder des emplois. La notion d'obsolescence établit des liens étroits avec la publicité, la mode et la société de consommation qu'elle contribue fortement à façonner. En effet, le mal premier du capitalisme réside en grande partie en elle, car tout consommateur alerte et résistant que nous sommes, nous ne pouvons rien face à la défaillance d'un produit dont la réparation nous coûte plus cher que l'achat d'un nouveau produit plus performant. Face à cela, Serge Latouche propose une vue d'ensemble qui invite chaque consommateur à s'interroger et à penser quant à sa façon de consommer sans pour autant interdire et dénigrer la technologie ni favoriser le retour de la bougie. Il suggère d'utiliser des matériaux biodégradables (comme le bioplastique) qui permettraient de recycler nos produits sans pour autant nous priver de confort ou encore d'envisager un meilleur vivre ensemble qui mettrait les produits de chacun au profit de la communauté.
L'obsolescence programmée révèle le fonctionnement individualiste et consumériste d'une société à la dérive. Serge Latouche ne condamne pas les consommateurs que nous sommes, pris au piège par des années de publicités, de propagandes commerciales où l'on nous fait croire que nous désirons telle nouvelle voiture ou tel nouveau yaourt. Il nous incite à revenir au durable au réparable, au recyclable et ce dans le but d'obtenir pour tous un avenir meilleur.