Un coup de coeur de Mollat
Lors de conférences données à Boston ou New-York, l'auteur a très souvent rencontré ce qu'elle appelle le « rejet fasciné », terme emprunté à Julia Kristeva. Il s'agit d'un mélange de fascination et déception qu'éprouve l'auditoire en découvrant que les cas iraniens sont similaires aux autres. Les Occidentaux attendent toujours des histoires « exotiques », persuadés qu'il est impossible de pratiquer la psychanalyse dans ce pays. Mais oui, il est possible de faire de la psychanalyse en Iran et oui, les préjugés sur l'Orient ont la peau dure.
Une fois ces choses posées, on peut rentrer dans le cœur du récit. Car c'est finalement un récit autobiographique qui nous est donné à lire ici. Sous forme de libres-associations, l'auteur convoque Kundera et Borges pour dire et se dire. Elle « s'adonne au défi d'affronter [son] propre inconscient. » La narratrice/psychanalyste s'installe dans son pays natal, l'Iran, après avoir vécu et exercé saux États-Unis pendant 20 ans. Ce retour tant fantasmé s'accompagne d'une réflexion sur le rôle, la place et la difficulté d'être analysant. C'est au travers des cas de patients de toutes les classes sociales iraniennes que l'auteur tisse sa réflexion.
À mi-chemin entre récit autobiographique et réflexion professionnelle, une psychanalyste à Téhéran est un texte hybride et sensible qui ne laisse pas indifférent. Il a en tout cas un mérite : celui de questionner le lecteur qu'il soit d'ici ou d'ailleurs.